Collège Politzer – Bagnolet : grève massive contre des conditions dégradées14/02/20182018Journal/medias/journalnumero/images/2018/02/2585.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Collège Politzer – Bagnolet : grève massive contre des conditions dégradées

Lundi 29 janvier, au collège Politzer de Bagnolet, en Seine-Saint-Denis, une trentaine d’enseignants sur 45 votaient la grève. Il faut dire que la situation est vraiment inacceptable.

Depuis des mois les agents du collège, en nombre insuffisant, n’ont même pas les produits d’entretien et les machines pour faire le ménage. La vaisselle se fait à l’eau froide, faute d’une machine à laver qui fonctionne. Le chauffage tombe régulièrement en panne. Le toit fuit et dès qu’il pleut, les seaux envahissent les couloirs et les salles. Des bâches sont bien mises sur le toit pour colmater les fuites… qui apparaissent alors ailleurs.

Des salles viennent d’être entièrement rénovées pour accueillir un atelier cuisine. Avant même d’être utilisées, elles ont été de nouveau saccagées par les fortes pluies. Les enseignants en colère ont voulu comprendre pourquoi le conseil départemental avait dépensé 900 000 euros pour cette rénovation sans s’occuper du toit. C’est ainsi qu’ils ont découvert que celui-ci n’était pas réparable, car rempli d’amiante.

Au même moment, ils apprenaient que l’inspection d’académie avait décidé d’une baisse du nombre d’heures pour l’an prochain. Cela signifie la fin de bien des projets pédagogiques indispensables dans ce collège populaire classé REP. Les enseignants doivent aussi affronter une hiérarchie hostile et incapable de gérer les difficultés. Des professeurs ont été agressés sans réaction de sa part. Des intrusions et des saccages des locaux sportifs ont lieu toutes les semaines sans que rien ne soit fait.

La grève a donc démarré le 30 janvier, bloquant le collège. Très vite, des parents ainsi que des élus sont venus soutenir le mouvement. La grève s’est organisée collectivement. Établir la liste des revendications a été long, mais cela a été l’occasion de discuter collectivement des causes de cette situation.

Le conseil départemental, mis en cause, a réagi vite et est venu le jour même. Les discours sur la « non-dangerosité » de l’amiante sont assez mal passés et les représentants du département ont dû faire avec des enseignants qui refusent de se laisser berner par de belles paroles. Très vite plusieurs revendications ont été acceptées. Cela a prouvé l’efficacité de la grève face à des gens qui expliquent tranquillement les retards des travaux par une différence de « temporalité » !

En revanche, l’inspection d’académie a fait la sourde oreille, tant elle sait que le mécontentement est grand dans le département. Il a fallu attendre une semaine pour rencontrer un représentant, une sorte de « monsieur Non » du ministère. Mais là encore, ce fut instructif de l’entendre expliquer à des enseignants de quartiers populaires qu’ils étaient bien dotés et n’avaient aucune raison de se plaindre.

La grève a duré dix jours durant lesquels, en décidant ensemble de tout, en se serrant les coudes à chaque étape, les enseignants ont gagné une cohésion avec laquelle il faudra compter à l’avenir.

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