Travailleurs sans papiers : vive la grève pour la régularisation14/02/20182018Journal/medias/journalnumero/images/2018/02/2585.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Travailleurs sans papiers : vive la grève pour la régularisation

Une centaine de travailleurs sans papiers d’Île-de-France, soutenus par la CGT, se sont mis en grève lundi 12 février et ont installé des piquets. Ils exigent leur régularisation, mais aussi le retrait de dispositions prévues dans la future loi sur l’immigration, qui vont rendre plus difficile la vie de tous les travailleurs sans papiers.

Ces grévistes sont employés par six entreprises qui profitent de leur situation depuis des années. Comme à des milliers de travailleurs sans papiers, leur employeur ne leur paye qu’une partie des heures faites, ce qui peut aboutir à la fin du mois à un salaire de 700 ou 800 euros en travaillant tous les jours. Il leur confie les tâches les plus dures, celles que personne ne veut faire. Pour se faire embaucher, ces travailleurs ont souvent emprunté à un autre une identité et un numéro de Sécurité sociale. Les sociétés qui les emploient le savent, et cela leur permet un chantage permanent. Mais pour éviter les ennuis, elles ont recours à des sociétés d’intérim qui servent d’écran.

Ces grévistes appartiennent aux secteurs coutumiers de ces pratiques, comme le bâtiment, la cuisine ou la collecte des déchets. Ils travaillent aussi pour Chronopost, filiale de La Poste, ou GLS dans le colis express. Leurs employeurs refusent de signer une demande exceptionnelle d’admission au séjour, comme ils en auraient la possibilité en établissant un certificat de concordance reconnaissant la véritable identité de la personne travaillant sous un nom d’emprunt. L’emploi de travailleurs vulnérables, parce que sans papiers, leur est trop profitable, et la menace du licenciement est toujours présente.

Au-delà de leur situation personnelle, les grévistes mettent en cause les dispositions de la loi asile et immigration, qui doit être présentée en Conseil des ministres le 21 février. Celle-ci prévoit entre autres que le salarié utilisant une fausse identité pourra être condamné à 75 000 euros d’amende et cinq ans d’emprisonnement. Déjà, les possibilités de régularisation se réduisent chaque jour au niveau des préfectures.

Les travailleurs sans papiers n’en sont pas à leur première grève. En 2008 ils avaient ainsi gagné que leur bulletin de paye, y compris quand il n’était pas à leur nom, soit reconnu comme document permettant d’obtenir une régularisation à condition d’avoir le soutien de leur employeur. Macron veut revenir sur cet acquis obtenu par la lutte.

Face à un gouvernement qui voudrait pourrir encore plus la vie des immigrés, la solidarité doit être une évidence. S’attaquer à la fraction sans papiers de la classe ouvrière, c’est s’attaquer à tous les travailleurs. Régularisation de tous les sans-papiers !

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