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- Lutte ouvrière n°2814
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Dans les entreprises
À Saint-Lazare, une réaction spontanée… et efficace
Les 29 et 30 juin, un arrêt massif et soudain du travail des conducteurs de trains de banlieue de la région de Paris Saint-Lazare des lignes L, A et J a quasiment paralysé le trafic.
Le 13 juin, puis les 23 et 24, une grève très suivie des conducteurs et des gestionnaires de moyens, chargés des plannings, avait déjà montré que la dégradation des conditions de travail ne passe pas. Mais la réponse de la direction a été d’envoyer le 27 juin des roulements pour l’été particulièrement mauvais et sans modification possible. Et aux représentants syndicaux qu’il recevait le lendemain, le directeur d’établissement promettait… l’aménagement des toilettes.
Des conducteurs décidaient alors de cesser le travail sans préavis dès le lendemain, contactaient leurs collègues et préparaient les piquets à chaque dépôt. Dès trois heures du matin, à Mantes, Achères et Paris, les premiers conducteurs posaient le sac, malgré les huissiers dépêchés sur place et les menaces de sanctions disciplinaires. Réunis en assemblée générale à 10 heures, soixante grévistes disaient au directeur d’établissement qui n’en menait plus large : « Vous avez eu nos revendications depuis le 13 juin, nous attendons des réponses ». Le lendemain, une nouvelle assemblée reconduisait le mouvement et des équipes sont allées s’adresser à d’autres cheminots, ou encore à des conducteurs RATP du RER A.
Pendant ce temps, la direction tentait de faire reprendre le travail, lâchant du lest à condition que le travail reprenne. Vers 16 h 30, une réunion était organisée avec les syndicats, où elle annonçait un ensemble de primes revenant en tout à 1 000 euros en quelques mois, ce qui correspondait à une demande des grévistes, et l’absence de poursuite pour les arrêts de travail des 29 et 30 juin. Le cœur des revendications des grévistes concernant l’organisation des journées de travail restait sans réponse. Mais les trente grévistes alors présents décidaient néanmoins de reprendre le travail le lendemain suite à ce recul de la direction.
Si ce recul est globalement ressenti comme une victoire par les participants au mouvement, mieux aurait valu que la décision soit discutée et prise démocratiquement par l’ensemble des grévistes.
Mais ils ont, en tout cas, bien mesuré la force qu’ils représentaient.