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Dans le monde
Chine : confinement et mépris des autorités
Depuis début février, la Chine fait face à la vague Omicron. Le centre de l’épidémie est à Shanghaï, où 25 millions de personnes sont confinées dans des conditions difficiles depuis le 1er avril. Mais, en fait, 23 villes chinoises sont en confinement total ou partiel, affectant la vie de 193 millions de personnes.
Le gouvernement chinois applique depuis le début de l’épidémie la stratégie dite du « zéro Covid », qui consiste à tester massivement et à isoler les personnes positives pour empêcher toute propagation du virus. Mais avec la forte contagiosité du variant Omicron, cette stratégie semble être mise à mal et la propagation du virus être hors de contrôle. Car en Chine, comme dans nombre de pays pauvres, le gouvernement n’a pas cherché à vacciner ne serait-ce que les plus fragiles. Seule la moitié des personnes âgées est véritablement protégée avec les doses nécessaires. À Hong Kong, la vague qui a démarré début février a rapidement saturé les hôpitaux et aurait fait près de 9 000 morts selon les autorités locales.
Dans l’ensemble de la Chine, le gouvernement a d’abord partiellement confiné plusieurs grandes villes dès que des cas apparaissaient. Mais fin mars, loin de s’arrêter, l’épidémie continuait de progresser, en particulier à Shanghaï, qui regroupait alors les deux tiers des cas positifs du pays. Craignant une véritable hécatombe, le gouvernement a imposé un confinement strict à toute la ville à partir du 1er avril. La population y est testée dans son ensemble tous les deux ou trois jours. Des dizaines de milliers de personnes positives sont enfermées dans des centres d’isolement, qu’elles aient des symptômes ou pas, dans des conditions précaires, sans eau courante ni intimité, des conditions qui révèlent tout le mépris social des autorités. Des vidéos ont montré des enfants et nourrissons testés positifs séparés de leurs parents, entassés sur des lits d’hôpitaux. Alors que les plus riches, comme à Hong Kong, se sont exilés, les plus pauvres restent coincés chez eux, sous la surveillance de la police. À Shanghaï, les habitants ont réagi par des pétitions, des protestations en bas des immeubles, des sifflements collectifs.
Si, dans les grandes entreprises, l’État assure au moins en partie la paye des travailleurs, nombre d’indépendants, de journaliers, d’ouvriers à la tâche ont perdu leurs revenus. Des livreurs dorment dans la rue, n’osant pas revenir chez eux de peur de ne pouvoir ressortir travailler. Ces situations précaires touchent particulièrement les travailleurs migrants, ceux qui n’ont pas de permis de résidence permanent dans ces grandes villes. Plusieurs manifestations de travailleurs de Shenzhen en colère ont d’ailleurs été rapportées. Des chantiers ont été fermés après la découverte d’un ou plusieurs cas positifs, laissant bien des migrants sans revenus. Ils ne sont pas les seuls, puisqu’à Shenzhen, selon China Labor Bulletin (CLB), les entreprises d’Internet comme Tencent, Alibaba, JD.com et bien d’autres, estimant que la crise est loin d’être finie, ont profité du confinement pour licencier 10, 25 ou 50 % de leurs employés.
À Shanghaï, le patronat local et les représentants des firmes occidentales ont aussi protesté contre le confinement qui entame leurs profits. Mais ils ont, eux, obtenu gain de cause. Fermée depuis le 28 mars, l’entreprise Tesla se préparait à reprendre du service le 18 avril. Des salariés ont été rappelés dans l’usine, condamnés à y vivre 24 heures sur 24 pour rester isolés du Covid. Les autorités de Shanghaï ont autorisé 666 entreprises, dont treize usines d’entreprises françaises, à reprendre ou à poursuivre le travail dans ces conditions. En Chine, comme dans les pays occidentaux, la pandémie n’a pas les mêmes conséquences selon qu’on est un capitaliste ou un simple ouvrier.