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Leur société
Inflation : le pouvoir d’achat menacé
Les prix augmentent : ceux de l’essence, du fioul domestique, du gaz et de toute une série de produits de consommation. Et ces hausses risquent de devenir de plus en plus importantes.
Depuis mardi 1er juin, les tarifs réglementés du gaz ont encore augmenté. En un an, cela fait une hausse de 23 %. La raison invoquée par la Commission de régulation de l’énergie est que la demande est forte, l’offre faible et que cela fait monter les prix. La même justification est avancée pour le prix du litre d’essence ou de gazole qui a augmenté de 25 centimes en trois mois.
Ces hausses ne touchent pas que le secteur de l’énergie. Le prix du bois de construction a triplé en un an, celui du plastique a doublé, comme celui de l’acier. Le cuivre a atteint son record historique. Dans l’alimentaire, le prix des céréales est à son plus haut niveau depuis cinq ans. Même celui du porc a augmenté de plus de 50 %. Il y a une multitude de causes à cette situation. Mais, en même temps, il y a des raisons fondamentales liées au fonctionnement de l’économie capitaliste.
Au printemps 2020, l’économie s’est presque arrêtée pendant des semaines, voire des mois. Beaucoup d’entreprises ont stoppé leurs commandes à leurs fournisseurs. Par répercussion, les productions d’acier, de pétrole, de gaz ont chuté. Des hauts-fourneaux et des raffineries ont été mis à l’arrêt. Certains puits de pétrole ont été fermés. Dans le transport maritime, des porte-conteneurs géants ont été désarmés.
Quand l’économie est repartie, les entreprises ont relancé leurs commandes. Mais, dans les secteurs des matières premières et du transport, les grands groupes industriels leaders ont pu s’entendre pour ne relancer la production sur leurs sites que lentement et à un niveau inférieur à celui d’avant la crise du Covid. Car, d’une part, ils ne voulaient pas se retrouver avec des surcapacités et, d’autre part, sous-produire leur permettait de faire monter les prix. Ils ont ainsi énormément accru leurs marges et fait des bénéfices exceptionnels.
Grâce à un prix du pétrole en hausse de 38 % depuis trois mois, Total a pu annoncer un profit record de 3,3 milliards de dollars rien que pour le premier trimestre 2021, tout en n’ayant eu à augmenter sa production que de 0,8 %. Sur l’année 2020, le transporteur maritime français CMA-CGM a fait une marge jamais vue de plus de 6 milliards de dollars, en profitant du fait que le prix moyen de la location d’un conteneur avait plus que triplé. Et puis, il faut ajouter que les spéculateurs ont aussi contribué tant à la hausse qu’à la pénurie, en achetant des matières premières, en les retirant du marché pour faire monter les prix et en les revendant ensuite avec une grosse plus-value.
Tout cela aggrave la désorganisation de l’économie. Des usines et des chantiers sont mis à l’arrêt par manque de matières premières. Dans le bâtiment, certains produits de construction sont carrément en rupture de stock, les fournisseurs ne donnant plus ni prix ni délais de livraison. Et, en bout de chaîne, ce sont les consommateurs, surtout ceux des couches populaires, qui payent la note.
L’inflation pourrait n’être qu’à ses débuts et, si on en croit les prévisions des banquiers, pourrait même devenir explosive. Selon un rapport du Crédit Suisse : « Par rapport au dernier quart de siècle, nous sommes entrés, pour 12 à 18 mois, dans une période d’incertitudes extraordinairement élevées sur l’inflation. » Aux États-Unis, celle-ci est déjà très importante, de 4 % sur un an, le chiffre officiel le plus élevé depuis trente ans. En Europe, elle atteint pour l’instant près de 2 %. Mais, depuis le début de l’année, elle est chaque mois plus importante.
Face à la hausse des prix, les travailleurs devront imposer l’augmentation des salaires et des pensions et leur indexation sur les prix, sous leur surveillance directe. Collecter les informations sur l’évolution du niveau des prix et sur celui des salaires est possible dans chaque entreprise, qu’elle soit privée ou publique. Les couches populaires ne peuvent accepter de voir leur pouvoir d’achat laminé.