France-Russie- États-Unis : relations d’affaires entre brigands11/09/20192019Journal/medias/journalnumero/images/2019/09/2667.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

France-Russie- États-Unis : relations d’affaires entre brigands

Après la rencontre entre Macron et Poutine, mise en scène le 19 août au fort de Brégançon, Jean-Yves Le Drian, ministre des Affaires étrangères, et Florence Parly, ministre de la Défense, sont allés le 9 septembre à Moscou pour sonner « la fin de la défiance » entre la France et la Russie et lancer « un nouveau départ ».

En langage diplomatique, un nouveau départ signifie reprendre les relations distendues en 2014 à cause du soutien apporté par Poutine aux sécessionnistes du Donbass en Ukraine et de l’annexion de la Crimée par la Russie. Si les médias parlent d’un tournant prorusse de Macron, il s’agit plutôt du retour aux relations d’avant la guerre en Ukraine, quand Poutine était le bienvenu dans toutes les grand-messes internationales.

Lors de la crise ukrainienne, ce sont les États-Unis, sous Obama, qui avaient décidé des sanctions, suivis bon gré mal gré par la France et l’Allemagne. Déjà à l’époque, Merkel et Hollande auraient voulu reprendre au plus vite le cours des affaires avec la Russie, continuer à lui acheter son gaz ou à lui vendre des navires de guerre, comme les Mistral, commandés par Poutine en 2010 et que Hollande a finalement revendus en 2016 à l’Égypte.

Comme toujours, l’impérialisme français, parce qu’il est faible, est tiraillé entre son alignement derrière la politique des États-Unis et la défense de ses intérêts particuliers. Ne pas suivre les États-Unis, c’est risquer de perdre des marchés au profit des capitalistes américains ; c’est risquer de lourdes sanctions en ne respectant pas un embargo comme celui décrété par Trump contre l’Iran. De l’autre côté, pour la bourgeoisie française, se rapprocher de la Russie qui reste une puissance importante en Europe, en Asie centrale mais aussi en Syrie, où elle soutient Bachar el Assad, c’est ne pas mettre tous ses œufs dans le même panier.

Dans le personnel politique français, et pas seulement du côté de Marine Le Pen et de l’extrême droite, existe un courant russophile, hostile aux sanctions économiques et favorable à des relations plus intenses avec la Russie. Jean-Pierre Chevènement et Hubert Védrine, deux anciens ministres socialistes, seraient d’ailleurs à la manœuvre pour rapprocher Macron de Poutine. Outre leur admiration pour la façon dont ce dernier a restauré l’appareil d’État russe déliquescent dans les années 2000 et leur indifférence pour les méthodes musclées qu’il utilise contre ses opposants, ces responsables politiques estiment que les capitalistes français pourraient trouver leur intérêt dans des relations avec la Russie et dans une plus grande liberté de manœuvre vis-à-vis des États-Unis.

Si Macron cherche à se tailler un costume de grand homme d’État européen en rencontrant Poutine, il défend d’abord les intérêts des Total, Thales, Renault et autres groupes implantés en Russie. Dans le contexte de la guerre commerciale entre les États-Unis et la Chine mais aussi l’Europe, les considérations sur les droits de l’Homme, ceux des peuples ou la démocratie ne sont là que pour le décor. Et du point de vue des travailleurs, les accords que Macron pourra signer, que ce soit avec Trump ou avec Poutine, resteront des accords entre brigands criminels.

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