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Leur société
Assurance chômage : économies aux dépens des allocataires
Suite à une déclaration de Macron lors d’une réunion dans le cadre du grand débat à Bourg-de-Péage, où il a réaffirmé vouloir mettre en place un système de bonus malus des cotisations chômage pour lutter contre l’abus des contrats courts, le Medef et ses alliés, la confédération des PME et l’Union des entreprises de proximité, ont claqué la porte des négociations avec les syndicats.
Les représentants patronaux ont alors conditionné leur retour à la table des négociations à une nouvelle déclaration du gouvernement corrigeant celle de Macron. Quelques jours plus tard, c’était chose faite. Le 30 janvier, Édouard Philippe déclarait, en termes vagues cette fois, la nécessité de trouver des outils pour limiter le recours aux contrats courts. La bouderie du patronat a donc pris fin. Depuis, le jeu de rôle entre patronat et gouvernement se poursuit : Muriel Pénicaud s’est insurgée contre les contrats courts en ces termes sur Europe 1 : « On a réinventé les journaliers. Ça me scandalise », mais elle attend des propositions du patronat.
Le gouvernement impose aux syndicats et patrons d’économiser 3 à 3,9 milliards en trois ans sur le budget de l’Unedic, et agite la taxation des contrats courts discutée depuis 2013 sans aucune contrainte pour le patronat. Or si ce n’est pas le patronat qui paye pour la précarité qu’il impose aux salariés, ce sera forcément et exclusivement les salariés eux-mêmes qui feront les frais de ces économies. Certains salariés concernés commencent à se mobiliser, comme les assistantes maternelles, qui se sont rebaptisées « les gilets roses ». En effet, beaucoup, sur les 330 000 qu’elles sont, touchent un complément d’allocation chômage en plus de leur salaire, lorsque par exemple elles ont un enfant en moins à garder en attendant qu’elles en retrouvent un autre. En cas de changement des règles sur le cumul emploi-chômage, elles craignent de perdre 100 à 200 euros chaque mois, voire plus sur des salaires déjà faibles.
Le patronat de l’hôtellerie de son côté a pris les devants et propose un contrat mobilité qui serait soi-disant un contrat à durée indéterminée. Une plateforme fournirait au salarié ses différents postes dans plusieurs établissements. Les patrons paieraient une partie de l’indemnisation du chômage entre deux contrats en abondant une caisse de sécurisation et le fonctionnement de la plateforme. Pour les salariés, ce serait l’insécurité permanente avec en prime l’impossibilité de choisir, au moins en partie, sa mission et pour le patronat la poursuite de ce qui se fait, à moindre coût.
Si le patronat parvient à ses fins, les salariés auront une double peine. Avec des contrats toujours morcelés, ils resteront à la disposition des employeurs mais leur revenu sera encore amputé. C’est inacceptable.