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Leur société
Fiscalité : écologie ou pas, des impôts injustes
Aux grosses ficelles de Macron prétendant taxer le carburant pour permettre la transition écologique, les partis de gauche et les syndicats opposent « une fiscalité juste socialement ».
Mais, qu’ils soient perçus au nom de l’écologie ou pas, les impôts dans ce système sont d’abord payés par les classes populaires et servent toujours principalement à arroser la bourgeoisie. Comment pourraient-ils être socialement justes ?
Depuis l’annonce de la mobilisation contre la hausse des prix des carburants, le gouvernement répète que la hausse des taxes sur l’essence, le diesel, le fioul est destinée à financer la transition écologique. Même si tel était le cas, il serait scandaleux de racketter au nom de l’écologie la population qui n’a, le plus souvent, ni le choix de son mode de transport, ni celui de son type de chauffage, alors même qu’un groupe pétrolier comme Total ne paie quasiment pas d’impôts.
En réalité, le gouvernement ment ouvertement. En 2019, moins de 8 milliards d’euros, sur les 38 milliards qui seront prélevés, iront à la fameuse transition écologique. Plus de 45 % de la taxe intérieure sur les produits de consommation énergétique (Tipce) servira à alimenter le budget général de l’État, contre 36 % en 2017. Autrement dit, ces taxes supplémentaires serviront à financer les dizaines de milliards versés aux entreprises sous forme du CICE, la suppression de l’impôt sur la fortune ou les multiples cadeaux faits aux riches.
Cette grossière arnaque conduit les partis de gauche, de EELV au PCF en passant par la France insoumise, à réclamer « une fiscalité efficace pour l’écologie et socialement juste », comme l’écrit le PCF dans un tract récent sur le prix du carburant. Le même tract réclame que le kérosène consommé par les avions soit taxé, ce qu’il n’est pas actuellement, ou l’augmentation du malus écologique sur les grosses cylindrées neuves. Les syndicats ne se disent pas non plus opposés à des impôts pour financer l’écologie, à condition qu’ils ne soient pas payés par les plus modestes. La CFDT réclame à Macron « un pacte social de la conversion écologiste », tandis que la CGT, dans ses repères revendicatifs, écrit : « La montée en puissance de la fiscalité environnementale ne peut se concevoir que dans le cadre d’une réforme d’ensemble de la fiscalité concernant aussi bien les entreprises que les particuliers. »
Toutes ces formules réclamant la « justice fiscale » passent sous silence l’essentiel : l’État, qui prélève les impôts et met en œuvre les dépenses publiques, est entièrement au service de la bourgeoisie. Il n’y a pas une seule ligne du budget de l’État, même celles qui alimentent les services utiles à la population, comme les écoles ou les hôpitaux, qui ne sert pas à enrichir les patrons ou les banques. Mettre en œuvre la « transition écologique », dans une économie basée sur la propriété privée des moyens de production, amène à arroser les constructeurs automobiles, pour qu’ils écoulent des véhicules hybrides, ou les fournisseurs d’électricité dite verte. Au final, c’est encore faire payer les classes populaires, tout en leur rendant la vie quotidienne plus difficile comme quand on interdit leurs vieux véhicules.