Fonderies du Poitou : licenciements annoncés17/10/20182018Journal/medias/journalnumero/images/2018/10/2620.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Fonderies du Poitou : licenciements annoncés

Créées en 1980 par Renault pour fabriquer des blocs carters en fonte et des culasses en aluminium, les Fonderies du Poitou à Ingrandes-sur-Vienne, dans la Vienne, ont été scindées en deux entreprises en 1998, et ont depuis maintes fois changé de mains. L’une comme l’autre des deux entreprises n’en continuent pas moins à dépendre largement de Renault.

Aujourd’hui, le diesel n’a plus bonne presse et Renault a réduit de moitié ses commandes pour 2019. Le 21 septembre, 300 travailleurs de la fonderie Alu (en grève pour la journée) et de la Fonte (au chômage partiel) s’étaient rassemblés devant l’usine pour exprimer leur inquiétude et leur colère devant les menaces que les directions respectives font planer sous couvert de « crise du diesel ». En effet, il n’a pas fallu longtemps pour que les coups commencent à tomber.

À la Fonte, la direction a annoncé il y a trois semaines un plan « d’ajustement » des effectifs : au 31 décembre, l’équipe de nuit comprenant actuellement 103 travailleurs sera supprimée, les intérimaires seront licenciés, comme sans doute aussi de nombreux CDI. Après les multiples périodes de chômage partiel qui se sont succédé depuis le début de l’année, entraînant des baisses de salaires, c’est maintenant le chantage à l’emploi, aux mutations arbitraires imposées à tous quel que soit l’horaire de travail, la qualification et le poste occupé.

La suppression de l’équipe de nuit aura des répercussions financières importantes pour des dizaines de salariés. Les travailleurs intérimaires, d’abord, vont se retrouver à Pôle emploi. Pour ceux qui resteront, le passage en 2x8, guère moins destructeur pour la santé, se traduira par la perte de la majoration de 30 %.

Côté Alu, la direction vient de présenter son projet d’équiper l’atelier du moulage de nouvelles presses de coulée en gravité. Il n’y en a pas sur le site pour l’instant et cela devrait, selon les patrons, offrir des débouchés pour de nouvelles fabrications. Prévu sur une durée de trois ans, ce chantier, s’il se fait vraiment, ne commencera à être opérationnel qu’au deuxième semestre 2019, et ne sera étendu sur une ligne entière qu’en 2020... à condition que de nouvelles culasses soient attribuées par Renault au site d’Ingrandes.

En attendant, l’activité baisse inexorablement de mois en mois et d’année en année, alors que Renault vend de plus en plus de voitures. Cela inquiète les travailleurs de l’Alu, qui attendent parfois des heures entières des culasses à travailler en bout de chaîne. Ils craignent un futur plan de licenciements, quand les patrons de la Fonte auront terminé le leur.

Des élus de divers bords et les pouvoirs publics rencontrés par les syndicats seraient paraît-il inquiets de la situation des fonderies. En fait, ce qui les inquiète n’est pas tant que les fondeurs risquent de grossir les rangs de Pôle emploi mais les éventuelles réactions de leur part. Ils n’ont pas oublié la mobilisation de 2011 à l’Alu : près de huit mois de lutte acharnée, dont deux mois de grève totale contre le projet des patrons d’alors de baisser les salaires de 25 %.

Ils n’ont pas tort de s’inquiéter car les travailleurs des fonderies eux non plus n’ont pas oublié leur grève de 2011. Comme ils n’ont pas oublié que leur dur labeur a enrichi au fil des années une kyrielle d’actionnaires et de profiteurs. Après le succès des journées de grève du 21 septembre et du 9 octobre, ils pourraient bien se mettre de nouveau sérieusement en colère.

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