Marseille – EFS : pénurie de sang et économies03/01/20182018Journal/medias/journalnumero/images/2018/01/2579.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Marseille – EFS : pénurie de sang et économies

À la fin de l’année 2017, les messages de l’Établissement français du sang (EFS) se sont faits de plus en plus alarmants, en particulier dans la région de Marseille. Cela fait des années que l’ESF, seul organisme habilité à récolter le sang et à en approvisionner les hôpitaux, fait état d’une pénurie chronique de sang.

Ce sang est indispensable pour de nombreuses interventions, servant entre autres lors du traitement d’un cancer par chimiothérapie qui détruit une partie des cellules sanguines, lorsqu’un accouchement donne lieu à une hémorragie ou à l’occasion de greffes d’organes.

Enfin il faut répondre aux accidents très graves voire aux attentats. L’accident ferroviaire de Millas a fait six morts, mais aussi de nombreux blessés, qui pour certains ne pouvaient être sauvés que par des transfusions de sang. Une collecte de sang au village de Saint-Feliu-d’Avall, le village des victimes, qui était prévue avant l’accident et qui permet de collecter d’habitude une cinquantaine de poches de sang, a vu une affluence de 214 donneurs. Au centre de transfusion de Perpignan, la mobilisation des travailleurs de l’EFS a été sans faille : 134 personnes se sont présentées jusqu’à minuit pour donner leur sang alors que normalement le centre ferme à 13 h 30.

Cela s’était passé de la même manière après l’attentat du Bataclan en novembre 2015, quand de nombreux blessés par balles avaient eu besoin d’une transfusion. À Marseille, le lendemain de l’attentat, la Maison du don du sang de Marseille-République a vu une affluence sans précédent de donneurs de sang volontaires, en majorité maghrébins et africains, révoltés par ce crime.

Depuis plusieurs années, l’EFS lance des messages d’urgence pour l’appel au don. Mais sa politique de rentabilité a conduit à réduire le nombre d’emplois et à supprimer des collectes de village jugées non rentables, rendant de plus en plus difficile la tâche des responsables d’association de donneurs de sang, qui organisent les collectes mobiles sur leur commune ou leur entreprise.

Sur les sites fixes de collecte, les travailleurs de la transfusion sont de plus en plus sollicités. L’EFS leur impose de fait des heures supplémentaires en faisant un chantage à l’urgence médicale. Si la journée se termine à 17 heures et qu’un donneur de sang se présente à 16 h 59, il faut rester bien sûr pour recevoir son sang. Mais, s’il y a des besoins, et des donneurs, pourquoi ne pas embaucher du personnel ?

Dans les collectes mobiles, des camions qui viennent dans les villages ou les entreprises, ce n’est pas mieux : chauffeurs, infirmiers, etc. sont sous pression, et les camions, faute de maintenance, tombent en panne. À Marseille, fin décembre, alors que le message d’urgence était diffusé, alors que des collectes étaient prévues, les deux seuls camions sont restés au garage, en panne, faute de moyens pour les réparer !

Ce n’est pas faute de dévouement et de générosité, tant du côté des travailleurs qui assurent les collectes que du côté des donneurs, que l’EFS manque de sang, mais bien du fait des choix politiques de l’État, des ministères de la Santé successifs, qui ne donnent pas les moyens nécessaires à l’EFS.

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