Maroc : Mohamed VI face à la contestation02/08/20172017Journal/medias/journalnumero/images/2017/08/2557.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Maroc : Mohamed VI face à la contestation

Le 29 juillet, lors du discours anniversaire de son accession au pouvoir, le roi Mohamed VI est intervenu pour la première fois dans le conflit du Rif. Parmi les 1 178 personnes graciées à cette occasion, il a annoncé la présence de quelques manifestants et militants du Hirak, le « mouvement de libération populaire » de la région du Rif.

Face à la mobilisation qui ne cesse pas dans cette région autour de la ville d’El Hoceima, le roi du Maroc espère faire retomber la tension en annonçant ces quelques libérations. La liste des libérés n’a pas été rendue publique mais le nom de Silya Ziani, une des dirigeantes du mouvement, a filtré.

Il est vrai que le gouvernement a tout essayé pour calmer la colère déclenchée il y a plus de neuf mois par la mort atroce de Mohsin Fikri, happé par une benne à ordures alors qu’il s’opposait à la destruction de sa marchandise. Elle a été l’étincelle qui a entraîné dans des manifestations une partie de la population, qui exprimait ainsi son exaspération devant le chômage et le mépris de l’administration.

Tout d’abord, le gouvernement a laissé la population exprimer sa colère dans différentes villes du royaume, sans vraiment intervenir. Mais il a aussi accusé les contestataires d’être financés par des séparatistes étrangers, espérant ainsi couper la population du Rif du reste du pays. Peine perdue, le mouvement s’est renforcé. Dans bien des régions, les problèmes de chômage, de pauvreté et de corruption sont les mêmes. Même si elles restent minoritaires, les manifestations ont continué. Le gouvernement a envoyé des représentants promettant de donner rapidement satisfaction aux demandes des manifestants d’El Hoceima, pourvu qu’ils arrêtent.

Puis la répression a commencé par la mise en détention de centaines de manifestants, dont le principal dirigeant Nasser Zefzafi qui risque aujourd’hui plusieurs années de prison. Loin de cesser, les manifestations ont continué avec le slogan « Nous sommes tous des Zefzafi », demandant le respect et la dignité pour tous. Quand elles ont été interdites dans les centres-villes, elles se sont poursuivies ailleurs, y compris sur les plages.

Dans son discours, le roi a pris pour cible les fonctionnaires, les responsables régionaux, les maires, les accusant de ne pas assez écouter le peuple. En jouant la carte de la démagogie, il espère encore une fois endormir les révoltés. Mais ceux-ci attendent du concret en ce qui concerne l’emploi, la construction d’un hôpital, d’une université, la fin de la corruption et aussi bien sûr, la libération de tous les manifestants encore détenus. Pour le moment rien n’a bougé.

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