- Accueil
- Lutte ouvrière n°2557
- Les mesures antiouvrières de l’été et les combats qui nous attendent à la rentrée
Editorial
Les mesures antiouvrières de l’été et les combats qui nous attendent à la rentrée
La décision de réduire de cinq euros par mois les aides personnalisées au logement (APL) est une mesure anti-ouvrière de plus. 90 % de l’APL va aux 30 % des ménages les plus pauvres. Et c’est dans leurs poches que le gouvernement ira prendre 400 millions d’euros par an. C’est abject et ça fait partie de la guerre que Macron et Philippe mènent aux travailleurs depuis leur arrivée au pouvoir.
La nationalisation des chantiers navals STX de Saint-Nazaire fait aussi l’actualité. Le ministre de l’Économie, Bruno Le Maire, a justifié l’intervention de l’État en disant que ce n’était « ni une décision de droite ni une décision de gauche. C’est une décision pour la France. » Des dirigeants politiques de tous les bords, du FN, de droite, de gauche et de la France insoumise, ont acclamé l’annonce de cette mesure. Cela ne la rend pas meilleure. Ces politiciens bourgeois ont beau être rivaux, ils se retrouvent tous quand il s’agit de mystifier les travailleurs.
Car où est la garantie que les 7 300 emplois directs et indirects, chez STX et les sous-traitants, seront préservés ? En réalité, il s’agit d’abord d’un coup de communication de Macron lui permettant de faire l’unanimité autour de lui et pour pas cher. Quant à cette prétendue nationalisation, il s’agit bien plus d’une préemption momentanée. Bruno Le Maire a largement insisté sur son côté « temporaire ».
Les gouvernements français et italien sont en négociation et cette mesure de l’État français est un élément de la négociation. La préoccupation des deux gouvernements n’est sûrement pas le sort des travailleurs mais les intérêts des grands groupes industriels qui lorgnent les commandes des chantiers navals de Saint-Nazaire. Macron ne se bat pas pour les travailleurs des chantiers mais avec leur peau ! Et quand on voit comment il refuse de lever le petit doigt pour aider les 277 ouvriers de GM&S à La Souterraine dans la Creuse, il n’y a aucune illusion à se faire.
Et puis, ce gouvernement prépare sa réforme du code du travail. Son contenu précis sera révélé fin août et les ordonnances qui la rendront effective seront publiées fin septembre. Mais la loi qui encadre tout cela est déjà passée au Parlement et les informations distillées au compte-gouttes par le gouvernement ne laissent aucun doute : il s’agit d’une attaque frontale contre le monde du travail.
« Notre modèle social n’est plus adapté à notre temps » a déclaré la ministre du Travail, Muriel Pénicaud. Cette ancienne DRH de chez Danone, dont on vient d’apprendre qu’elle avait touché un bonus de plus d’un million d’euros en 2013 après un plan social qui avait supprimé 900 emplois, parle le langage patronal. L’objectif de sa loi vise à faire table rase de ce qui, dans le code du travail, encombre encore un peu le patronat.
Le temps de travail, le niveau des salaires, la rémunération des heures supplémentaires... tout cela sera décidé à l’échelle de l’entreprise. Ce qui formellement unifiait un tant soit peu les travailleurs, ce qui était le fruit des luttes ouvrières du passé, le gouvernement veut s’en débarrasser et le remplacer par des accords d’entreprise ou des accords de branche.
Il veut aussi faciliter les licenciements collectifs et individuels. Pour les patrons, il va même « créer un formulaire de licenciement simple à remplir », comme a dit la ministre du Travail. Alors que pour les salariés, les formulaires à remplir pour saisir les prud’hommes sont devenus bien plus complexes depuis la loi Macron, pour décourager bien des travailleurs d’aller en justice.
Le gouvernement veut mener son offensive le plus vite possible en sachant qu’aucune opposition parlementaire ne pourra la retarder et en espérant que la classe ouvrière ne réagisse pas trop.
Aucune direction syndicale n’a répondu à cette déclaration de guerre comme il aurait fallu, en dénonçant dès le départ les plans gouvernementaux. Toutes ont joué le jeu des réunions avec le ministère du Travail. Les responsables de la CGT, même s’ils ont participé à cette comédie, ont cependant appelé à une journée de mobilisation nationale le mardi 12 septembre. Solidaires et quelques unions départementales et fédérations syndicales FO s’y sont déjà associées.
C’est une date qui doit être un point de départ et de regroupement de la contestation ouvrière contre toutes les attaques patronales et gouvernementales. Il faut montrer qu’il y a des femmes et des hommes qui comptent bien ne pas se laisser faire.