RSA : faire payer les patrons, pas les chômeurs01/03/20172017Journal/medias/journalarticle/images/2017/03/p5_demarches_RSA_OK_Lupo.jpg.420x236_q85_box-0%2C120%2C1280%2C840_crop_detail.jpg

Leur société

RSA : faire payer les patrons, pas les chômeurs

Beaucoup de politiciens, à droite comme à gauche, mènent des campagnes démagogiques contre les bénéficiaires des minimas sociaux et contre ce qu’ils appellent avec mépris l’assistanat.

Illustration - faire payer les patrons, pas les chômeurs

Comme si se retrouver au chômage et privé de toute ressource était un choix ! Mais il est plus facile de s’en prendre aux plus pauvres, au 1,7 million de personnes qui perçoivent le RSA, qu’aux patrons licencieurs.

Le nombre des chômeurs dépasse le million depuis les années 1980. Un certain nombre de travailleurs se sont retrouvés sans aucun revenu parce qu’ils n’avaient plus droit à une indemnité chômage ou parce qu’ils n’y avaient jamais eu droit. En 1984, une allocation spécifique a été mise en place. Puis, en 1988, le gouvernement socialiste a créé le revenu minimum d’insertion, le RMI. Celui-ci, qui n’est qu’un système de charité étatisé, a été présenté comme une mesure sociale. Son nom et les modalités d’application ont varié, mais aucun gouvernement, quelle que soit sa couleur politique, ne l’a remis en cause. Le chômage de masse, qui concerne tous les pays du monde, rend la société explosive. Ce revenu minimum joue le rôle d’amortisseur social.

Les gouvernements ont inventé différents contrats de travail, dits d’insertion, qui sont réservés aux allocataires du RSA. Ces contrats précaires, à temps partiel, remplacent des salariés à temps plein dans des associations, des hôpitaux, l’éducation ou les transports... Des menaces de suspension des versements sont utilisées pour imposer à ces chômeurs de prendre quelques heures de travail ou de participer à des ateliers couture, repassage, jardinage ou rénovation, parfois sans aucune rémunération.

La baisse des salaires, l’accroissement de la précarité, les demandes des patrons pour des contrats de quelques heures, l’exaspération de salariés en incapacité de vivre avec des revenus inférieurs au revenu considéré comme minimum, ont justifié la création du RSA activité en 2009. Les règles d’attribution ont été modifiées, pour que ceux qui ont un petit boulot de quelques heures, très faiblement rétribué, touchent un revenu complémentaire, et du coup acceptent ces contrats.

Du fait de l’augmentation du nombre de bénéficiaires, les départements, qui en ont la charge, ont de plus en plus de mal à financer le RSA. Entre 2009 et 2015, leur nombre a augmenté de 44 %. Pourtant, un tiers des bénéficiaires potentiels du RSA comme seul revenu n’en font pas la demande, de même que deux tiers de ceux qui pourraient obtenir un complément avec le RSA activité.

Pour réduire les coûts, les idées fleurissent dans les états-majors des départements. Le département du Nord vient de retirer 100 euros à ceux qui ne seraient pas inscrits à Pôle emploi alors qu’ils devraient l’être, et 400 à ceux qui n’auraient pas répondu aux convocations. Le département du Haut-Rhin avait pour projet d’imposer un travail d’utilité publique à chacun.

Ces mesures antipauvres sont révoltantes. Ces politiciens, qui dénoncent le coût du RSA évalué à 12 milliards d’euros, n’ont aucun état d’âme à verser au patronat des aides qui représentent au bas mot 200 milliards d’euros.

Les responsables du chômage, ce sont les patrons. C’est eux qu’il faut faire payer.

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