Chine : Après Honda, les grèves se propagent18/06/20102010Journal/medias/journalnumero/images/2010/06/une2185.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Chine : Après Honda, les grèves se propagent

Après les grèves victorieuses de la fin-mai des 1 850 travailleurs de l'usine Honda de Foshan dans la région de Canton, capitale de la province du Guangdong (35 euros de plus sur le salaire de base), puis de ceux du groupe coréen Hyundai près de Pékin (fortes hausses de salaire obtenues également), les grèves se sont étendues en Chine.

Ainsi vendredi 11 juin la grève commençait dans l'usine Honda Lock à Zhongshan, toujours dans la province du Guangdong, dans le sud du pays. Les 1 500 ouvriers de ce fabricant nippon de clés et serrures, sous-traitant de Honda, qui touchent en moyenne 1 700 yuans par mois, réclament une augmentation portant leur salaire à 2 040 yuans, soit 249 euros, ainsi que le droit de choisir leur mode de représentation syndicale.

Dans la même province, les ouvriers d'un autre sous-traitant de Honda, Foshan Fengfu Autoparts, étaient en grève quasiment au même moment, toujours pour réclamer des hausses de salaire.

Début juin toujours, c'est à Kunshan, la zone industrielle située près de Shanghaï, que 2 000 ouvriers de l'usine KOK, un fabricant taïwanais de valves et de joints, débrayaient aussi, cinq jours durant, pour des augmentations de salaire. Lundi 7 juin, les affrontements avec la police anti-émeutes faisaient une cinquantaine de blessés. Dans le Jiangxi (centre-est de la Chine), d'après l'organisation non gouvernementale China Labor Watch, les ouvriers de l'une des plus grandes usines de ballons du monde du groupe taiwanais Si Maibo, fournisseur d'Adidas, laissaient éclater violemment leur colère, à la nouvelle de la mort d'une d'entre eux.

Il est difficile de savoir quelle est la profondeur de cette contestation, et jusqu'où elle s'étend. Il est certain que, durant ces vingt dernières années, les ouvriers ont payé chèrement le prix de la croissance de l'économie chinoise... et des profits des multinationales étrangères, américaines ou françaises par exemple.

China Labor Watch a dénoncé cette surexploitation, par exemple, parmi les quatre fournisseurs du français Carrefour, le patron du fabricant de jouets Lanyu, à Dongguan (Sud), « fait dormir ses travailleurs dans des dortoirs infestés d'insectes », « ne leur accorde que deux journées de repos par mois ». Chez les sous-traitants qui fabriquent les jouets pour Disney, Mattel, Warner, environ mille ouvriers travaillent onze heures par jour, six jours par semaine et accumulent jusqu'à 70 heures supplémentaires par mois. Le tout pour un salaire mensuel de 75 à 100 dollars, c'est-à-dire de 60 à 80 euros par mois. Depuis le début de l'année, la vague de suicides dans les usines chinoises du géant de l'électronique taïwanais Hon Hai a révélé la dureté des conditions de travail des 800 000 travailleurs du groupe à l'échelle du pays.

Les raisons de se révolter, ces millions d'ouvriers chinois n'en manquent pas, notamment les ouvriers migrants qui ont dû quitter les campagnes, les « mingong » vivant dans des dortoirs, loin de leurs familles. Mais, comme le souligne une étude, ces ouvriers migrants « se montrent moins enclins que la vieille génération à accepter les longues heures et les mauvaises conditions de vie ».

En tout cas, on ne peut que souhaiter que cette contestation s'amplifie et que les centaines de millions d'ouvriers chinois fassent reculer le pouvoir, le patronat local et les multinationales qui les exploitent.

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