Dans le monde

Guerre en Ukraine : ni Poutine, ni Zelensky le protégé de Biden-Macron

Le général Pat Ryder, porte-parole du Pentagone, vient de déclarer que ses services n’avaient noté aucun signe que l’armée russe s’apprêterait à utiliser l’arme nucléaire. Malgré les cris indignés de Biden, d’autres dirigeants occidentaux et des médias qui accusent Poutine d’en avoir agité la menace le 21 septembre, il n’y en a de trace ni dans la réalité ni dans son discours.

Les dirigeants des pays dits démocratiques mentent sans vergogne. Cela ne surprendra que ceux qui acceptent tout ce que la propagande occidentale martèle ou insinue depuis des mois. Elle veut faire croire que le David ukrainien doit affronter le Goliath russe, sans que les puissances impérialistes y soient pour rien. Les dirigeants de Washington, Paris, Bruxelles, Berlin, répètent « Nous ne sommes pas en guerre », mais ce qui se passe en Ukraine apparaît de plus en plus comme une confrontation entre le camp impérialiste occidental et la Russie.

Surenchère de l’Occident, bluff de Poutine

Les mots dont usent dirigeants et diplomates visent à masquer la réalité ; les faits eux sont indiscutables. Il faut d’abord rappeler que la seule fois où l’arme nucléaire a servi, ce fut les 6 et 9 août 1945 à Hiroshima et Nagasaki. Les États-Unis ne brandirent pas alors de menaces préalables : ils frappèrent pour terroriser la population civile d’un Japon déjà vaincu. Aujourd’hui, l’Occident, qui se présente en faiseur de paix, est le premier à mener l’escalade guerrière en Ukraine.

Les États-Unis ont fourni à ce pays plus d’argent et d’armement en six mois qu’ils ne l’avaient fait en un an à l’Afghanistan en guerre, à Israël et à l’Égypte réunis, trois des principaux bénéficiaires de l’aide militaire américaine. Les 13 milliards de dollars ainsi versés à l’Ukraine depuis février représentent trois fois le budget militaire annuel de ce pays.

La fourniture d’armes modernes, d’un entraînement par des conseillers militaires, en plus de la mise à disposition de renseignements par les satellites occidentaux ont donné un avantage colossal à l’armée ukrainienne, lui permettant de suivre en temps réel les mouvements des troupes adverses, de les frapper avec précision et de les forcer à reculer.

Poutine, qui n’avait guère le choix, a réagi aux conséquences de la pression militaire accrue de l’Occident. Il a limogé son vice-ministre de la Défense, bouc émissaire des revers militaires. Il a organisé à la hâte des référendums pour rattacher des régions ukrainiennes à la Russie, ce gain territorial devant compenser les reculs du front. Et il a lancé une mobilisation, partielle mais importante, pour renforcer une armée aux effectifs affaiblis.

Il reste à voir si cela aidera à renverser un rapport de forces qui devient défavorable à la Russie. Car ces mesures pourraient s’inscrire dans une vieille tradition de la bureaucratie russe, la « pokazoukha » ou effet d’affichage. Cette esbroufe à la russe évoque le « bluff », qui en américain désigne le fait de « tromper avec assurance au poker ». Bien sûr, celui qui y a le plus intérêt est celui qui a les moins bonnes cartes en mains. Alors quand Poutine et ses proches, l’ex-président Medvedev et le ministre de la Défense Choïgou, disent vouloir défendre la Russie « par tous les moyens »  en répétant « nous ne bluffons pas », les chefs du monde impérialiste ont tout lieu d’y voir une posture, sinon un aveu de faiblesse.

L’impérialisme,  c’est la guerre

Depuis que l’Union soviétique a implosé, en 1991, les dirigeants de la bourgeoisie, surtout américaine, ont poussé leurs pions vers l’Est, dans ce qui avait été la sphère d’influence de l’URSS.

Dans un premier temps, cela se passa sans heurts. L’Occident traitait en position dominante avec un État russe à genoux. Incapable de se faire obéir chez lui, ce dernier pouvait encore moins contrer la pression impérialiste sur son « étranger proche ».

Un changement s’amorça avec l’arrivée de Poutine au Kremlin en 2000. Il restaura la « verticale du pouvoir » en Russie et tenta de resserrer ses liens avec l’ex-espace soviétique. L’impérialisme, qui guignait ces pays, y suscita alors une série de « révolutions de couleur », des coups d’État à peine déguisés : en Géorgie en 2003, au Kirghizistan en 2005, en Ukraine en 2004 puis en 2014.

L’Ukraine a longtemps fait partie de la Russie et de l’URSS et son économie reste très imbriquée dans celle de la Russie. Sa population partage majoritairement sa langue et sa culture avec ses voisins russes, à quoi s’ajoutent des liens humains et familiaux étroits. Dès la chute de l’URSS, les dirigeants américains ont dit qu’il fallait arracher l’Ukraine à la Russie pour empêcher celle-ci de redevenir une grande puissance et d’échapper à leur tutelle.

En février dernier, Poutine a voulu porter un coup d’arrêt aux projets en cours de réalisation de l’impérialisme en Ukraine. Il l’a fait avec la violence, le mépris des peuples, dont le sien, qui caractérisent les chefs d’une bureaucratie antiouvrière, nationaliste, prédatrice, souvent issus du KGB, la police politique.

Des révolutionnaires n’ont aucune solidarité à avoir avec leur propre impérialisme. Mais affirmer cela n’a de sens que s’ils ne se laissent pas entraîner sur un terrain autre que celui de la classe ouvrière et de ses intérêts, quelle que soit sa nationalité. Une des leçons chèrement acquise du passé est qu’il ne faut jamais oublier, selon les mots du révolutionnaire allemand Karl Liebknecht en pleine Première Guerre mondiale, que « l’ennemi est dans notre propre pays ».

Les travailleurs en France n’ont à apporter aucun soutien direct ou indirect à leur impérialisme : ni dans sa solidarité avec le reste du camp impérialiste en Ukraine, ni en Afrique où il mène ses propres guerres contre les peuples.

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