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- Lutte ouvrière n°2826
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Leur société
Réforme des retraites : 49-3 ou pas, on n’en veut pas !
« Nous voulons revaloriser les petites pensions et décaler progressivement l’âge effectif de départ, en tenant compte des carrières longues et de la pénibilité. » Ainsi la Première ministre a-t-elle résumé le projet du gouvernement d’attaquer à nouveau sur les retraites.
Une polémique s’est ouverte sur la méthode. L’attaque va-t-elle passer par un vote des parlementaires, après un semblant de négociations autour du tapis vert, ou par l’usage de l’article 49-3 ? François Bayrou, l’allié du président, s’en montrerait fâché, et Laurent Berger, de la CFDT, frustré.
Mais le résultat serait le même pour les travailleurs. Sur le contenu de l’attaque, rien n’est pour l’instant vraiment précisé, mais le recul de l’âge légal de départ ou l’augmentation du nombre de trimestres nécessaire pour avoir droit au taux plein, ou même les deux, sont clairement évoqués. Les « experts » du CSR, le Conseil de suivi des retraites auprès du gouvernement, l’ont même avoué dans leur récent rapport, « aucun des scénarios ne peut être indolore pour l’ensemble de la population ». Ils ajoutent même que « compte tenu de la révision récente des projections d’espérance de vie, toute hausse de l’âge de la retraite au-delà de celle qui est déjà prévue tirerait de nouveau à la baisse la durée de la retraite, a fortiori si les gains d’espérance de vie devaient être encore plus réduits ».
Il n’empêche. Du côté du ministre des Finances, « il faut faire vite », et pour le président du Medef, même si elle n’est pas de toute première urgence, la réforme est indispensable : « on a besoin de travailler plus longtemps », affirme-t-il sans le moindre argument.
Pourquoi, indispensable ? Les dernières conclusions du Conseil d’orientation des retraites assurent que le système des retraites est à l’équilibre, contrairement à ce que répétaient en boucle le gouvernement et le patronat pour répondre aux manifestants de l’hiver 2019-2020. Les attaques qui se succèdent depuis 1993 ont déjà réduit le niveau de vie des retraités, par l’indexation des pensions sur l’inflation officielle et non sur les salaires. Elles ont en moins de vingt ans fait reculer l’âge moyen de départ réel de 60,5 ans à plus de 62 ans. Elles ont de ce fait réduit la durée de vie à la retraite et le montant des pensions, puisque, au chômage ou en invalidité, les travailleurs âgés cumulent moins de droits.
Alors, pourquoi remettre sur le tapis ce nouvel épisode d’une attaque antiouvrière ? Parce que Macron s’y est engagé pendant sa campagne, comme l’affirme servilement Bruno Le Maire ? Les prétextes allégués jusque-là paraissant moins convaincants, l’objectif avancé pour justifier une réforme des retraites consisterait à dégager de l’argent public pour des dépenses de transition énergétique ou des dépenses sociales. Le budget devra être disponible pour augmenter les dépenses d’armement, de police, voire pour compenser les aides aux grandes entreprises sous forme de dégrèvements de taxes et d’impôts.
Quels que soient les arguments employés, quelle que soit la méthode pour la faire passer, cette réforme des retraites est une attaque inacceptable contre le monde du travail. Elle doit être rejetée.