Lycées professionnels : une réforme pour le patronat14/09/20222022Journal/medias/journalnumero/images/2022/09/2824.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Lycées professionnels : une réforme pour le patronat

Emmanuel Macron est venu mardi 13 septembre aux Sables-d’Olonne, au lycée Éric-Tabarly, vendre sa réforme de l’enseignement professionnel. Il entend, dit-il, « réarrimer l’enseignement professionnel avec le monde du travail ».

En fait, il y a longtemps que l’enseignement professionnel est lié à ce que Macron appelle le monde du travail, qui pour lui se réduit au patronat. En témoigne la présence de nombreux chefs d’entreprise à chaque déplacement de ministre ou du président lui-même dans un lycée professionnel, comme c’était encore le cas aux Sables-d’Olonne. Chaque réforme de l’enseignement professionnel est simplement un pas de plus dans cette voie.

La mesure phare de la réforme Macron, qui devrait rentrer en application en septembre 2023, est ainsi l’augmentation de 50 % du temps consacré aux stages en entreprise. Dans ces stages, les lycéens découvrent parfois certains aspects du métier qu’ils ont choisi, mais le plus souvent font surtout l’apprentissage de l’exploitation capitaliste. L’augmentation de leur durée réduira la présence des lycéens dans les établissements scolaires, et par voie de conséquence le temps qu’ils pourront consacrer à acquérir une culture générale, à connaître ce que l’humanité a pu créer en matière de littérature, d’arts ou de sciences.

Le patronat a toujours considéré que l’enseignement délivré à ses futurs salariés pouvait se limiter à l’apprentissage des gestes du métier, et qu’il était superflu de donner aux travailleurs cette culture, qui est aussi une arme pour se défendre. Macron ne fait qu’avancer encore un peu plus dans cette voie. Une des conséquences de la réforme sera d’autre part la réduction du nombre d’enseignants, et on peut compter sur le ministère pour avoir déjà calculé les économies ainsi prévisibles.

Macron justifie sa réforme par des statistiques prouvant que les jeunes ne trouvent pas de travail à la sortie du lycée professionnel. Comme si cela résultait d’une formation en décalage avec ce qu’attendent les patrons, et non de la situation générale de l’emploi ! Cette contre-vérité participe de la campagne gouvernementale visant à trouver des boucs émissaires au chômage de masse. Que ce soit les professeurs qui ne donnent pas un enseignement adapté ou les jeunes qui ne veulent pas travailler, tout est bon plutôt que d’incriminer le patronat, seul responsable. Macron entend d’ailleurs réorienter les filières en priorité vers les secteurs où ce patronat se plaint de ne pas trouver de salariés. Obtenir des jeunes dressés à travailler là où les patrons le désirent, comme ceux-ci le veulent, et aux salaires et conditions qu’ils imposent, c’est bien l’unique objectif de Macron.

Les jeunes qui entrent en lycée professionnel et leurs enseignants ont besoin de tout autre chose. Il faut plus de professeurs, plus de possibilités de travailler, dans de meilleures conditions et en classes plus réduites. Tout le contraire de cette réforme visant uniquement à formater la jeunesse ouvrière aux désidérata du patronat.

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