Pakistan : catastrophe naturelle, impuissance capitaliste31/08/20222022Journal/medias/journalnumero/images/2022/09/2822.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Pakistan : catastrophe naturelle, impuissance capitaliste

Depuis début juin, les gigantesques inondations dues à une mousson inhabituelle ont provoqué la mort de plus de 1130 personnes. Des millions de maisons ont été englouties, faisant des millions de sans-abris.

Sur les 220 millions d’habitants, 33 sont touchés directement. 80 000 hectares de terres cultivables sont ravagés, des milliers de kilomètres de routes et 157 ponts sont d’ores et déjà détruits. Les petits paysans, majoritaires dans la population travailleuse, les ouvriers et les pauvres des villes, ont déjà subi, de mars à juin, des chaleurs extrêmes, allant jusqu’à 51 °. À la fonte des glaciers himalayens, gonflant jusqu’à faire déborder les nombreux cours d’eau qui alimentent le bassin du fleuve Indus et sa grande région agricole, s’est ajoutée la longue période de pluies de mousson, certains jours sept fois plus volumineuses qu’à la normale.

Les villageois réfugiés dans des campements de fortune sont à présent menacés, de surcroît, par le choléra, le paludisme et la malaria portée par les moustiques dans les eaux stagnantes. L’accès aux hôpitaux, surchargés par une augmentation de 70 % des patients, devient aussi problématique que l’accès à l’eau potable.

Déjà victime d’une économie en crise et exploitée par des grandes familles de patrons fournisseurs des groupes capitalistes internationaux di textile et de l’agro-alimentaire, la population doit à présent faire face à une hausse vertigineuse des prix, en particulier alimentaires. La pénurie de légumes est générale sur les marchés populaires ; les oignons et les tomates, produits de base en hausse de 40 %, sont désormais hors de portée de la population laborieuse, soit l’immense majorité.

Face à la catastrophe, face aux menaces d’épidémies, au nombre de victimes qu’on va décrouvrir au fur et à mesure de la progression des secours, l’aide internationale commence à arriver et le FMI vient d’accorder une enveloppe de 1,1 milliard de dollars (ou d’euros). Mais au moment même où, dans le monde, 2000 milliards de dollars ont été investis en 2021 dans les dépenses militaires, on ne peut qu’être choqué. Au Pakistan-même, pays où la population pauvre peine à se nourrir et à se soigner, les dépenses d’armement dépassaient les 10 milliards de dollars en 2019.

Dans le système capitaliste, les Etats dépensent des milliards pour équiper leurs armées, engraisser des poignées d’actionnaires. Les mêmes moyens matériels, financiers et humains pourraient être mobilisés pour sauver et soigner les centaines de milliers de sinistrés. Devant la menace des barrages dont la résistance est incertaine face à la puissance des eaux, ne pourrait-on dépêcher des centaines d’ingénieurs et d’ouvriers aptes à les sonder puis les renforcer, des hydrauliciens pour ouvrir dans l’urgence des dérivations ?

Face à la misère orchestrée sur les trois quarts de la planète par le capitalisme, sa concurrence native et ses guerres, devant son impuissance assumée face quant aux ravages dus au réchauffement climatique, n’est-il pas urgent, pour les travailleurs du monde, de prendre la main ?

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