Macron en Algérie : il faut que ça gaze31/08/20222022Journal/medias/journalnumero/images/2022/09/2822.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Macron en Algérie : il faut que ça gaze

Lors de son voyage en Algérie, Emmanuel Macron n’a eu de cesse de mettre en scène le « partenariat renouvelé » avec la France.

On est loin de ses déclarations d’octobre 2021 qualifiant les dirigeants algériens de « système politico-militaire ». Mais les affaires sont les affaires et le gaz algérien vaut bien un petit changement de discours.

Comme gage de bonne volonté, Macron a mis en avant sa volonté de faire la lumière sur la guerre d’Algérie et a promis avec son homologue algérien Abdelmadjid Tebboune la création d’une commission franco-algérienne d’historiens pour examiner les archives des deux pays. Il espère que ses travaux lui permettront de mettre sur un même plan les violences qu’ont pu commettre les combattants du FLN et les crimes de l’armée française, les renvoyant pour ainsi dire dos à dos. Point n’est pourtant besoin de fouiller les archives pour savoir que l’impérialisme français est le seul responsable de toutes les atrocités qui ont eu lieu en Algérie, depuis la conquête, où des populations furent enfumées dans les grottes où elles s’étaient réfugiées, jusqu’à la répression sauvage lors de la guerre d’indépendance. Durant la bataille d’Alger, le dirigeant du FLN Ben Mhidi avait répondu, avant d’être torturé et tué, au militaire français qui lui reprochait d’utiliser des bombes cachées dans des paniers pour commettre des attentats : « ­Donnez-nous vos chars et vos avions, nous vous donnerons nos couffins. » Cela résume parfaitement la responsabilité des uns et des autres.

C’est une constante de la politique de Macron d’utiliser les crimes passés de l’impérialisme français, qu’il fasse mine de les reconnaître ou d’enquêter dessus, pour favoriser les affaires d’aujourd’hui. Il l’a fait au Cameroun, au Rwanda, en Algérie, et ces crimes sont si nombreux qu’il a encore largement de quoi faire ailleurs.

Derrière toute cette comédie qualifiée de mémorielle, il y a des intérêts bien concrets, et d’abord gaziers. L’Algérie fournit actuellement 8 à 9 % du gaz utilisé en France, et c’est l’augmentation de ces importations qu’était venu chercher Macron. Il entend d’autant plus occuper le terrain qu’avec l’arrêt des livraisons russes la compétition fait rage sur ce terrain entre pays du sud de l’Europe. La société algérienne Sonatrach devrait ainsi signer un contrat avec Engie garantissant une augmentation de 50 % de ses fournitures à la France. Elle avait fait de même dès le mois d’avril avec l’italienne Eni.

Le Sahel est un autre sujet discrètement abordé du « partenariat renouvelé » franco-algérien. Macron a rencontré les chefs de l’armée et du renseignement militaire algériens pour solliciter leur aide. L’armée française a dû quitter le Mali mais Macron entend bien qu’elle continue à défendre les intérêts de l’impérialisme français dans la région, et l’Algérie est depuis longtemps impliquée dans tout ce qui s’y passe.

En fait de « devoir de mémoire », il a surtout été question des intérêts de l’impérialisme français.

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