Gaz russe : qui paiera les sanctions ?06/07/20222022Journal/medias/journalnumero/images/2022/07/2814.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Gaz russe : qui paiera les sanctions ?

Un des plus gros fournisseurs de gaz allemand, Uniper, est au bord de la faillite parce que le gaz russe qu’il achetait bon marché ne lui arrive plus en quantité suffisante.

Pour respecter ses engagements auprès de ses clients, il est obligé d’acheter du gaz sur le marché à un prix très élevé, ce qui lui coûte près de 30 millions d’euros par jour. La place de ce fournisseur d’énergie dans l’économie allemande est telle que de très nombreuses entreprises pourraient être entraînées par sa chute et le gouvernement allemand envisage de le nationaliser.

Depuis le 14 juin, la société russe Gazprom a réduit ses livraisons de gaz à l’Europe. Elle prétend que c’est à cause d’un problème technique. Mais c’est, de fait, une contre-attaque au boycott que les États-Unis essayent d’imposer depuis le début de la guerre en Ukraine. Car cette réduction des livraisons a entraîné l’envol des prix du gaz. Gazprom en a profité, vendant moins, mais beaucoup plus cher. En revanche, cela a fait paniquer les dirigeants européens qui craignent de ne pas pouvoir constituer des stocks suffisants pour l’hiver.

L’Allemagne est le pays le plus concerné car, depuis longtemps, son économie s’appuie sur le gaz russe, à la fois comme source d’énergie et comme matière première dans l’industrie chimique. Sur le plus grand site chimique du monde, celui de BASF à Ludwigshafen en Rhénanie, le gaz arrive directement de Sibérie grâce à une filiale commune à BASF et à Gazprom. Grâce à ce gaz, le site produit de nombreuses substances chimiques pour des médicaments, des cosmétiques, des produits alimentaires, des peintures, des engrais, des plastiques… Et on comprend pourquoi le patron de BASF a mené la contestation contre le boycott du gaz russe en déclarant : « La Russie couvre 55 % de notre approvisionnement en gaz. S’il était réduit à zéro du jour au lendemain, le chômage serait porté à un très haut niveau, beaucoup d’entreprises feraient faillite. Pour le dire clairement : cela pourrait plonger l’économie allemande dans sa plus grave crise depuis la Seconde Guerre mondiale ». Et le gaz n’est qu’un exemple parmi d’autres. Les relations économiques sont tellement imbriquées qu’un boycott de la Russie, s’il se réalisait, aurait des conséquences graves pour toute l’économie mondiale.

Et l’exemple du site de BASF illustre les contradictions de l’économie capitaliste actuelle. D’un côté, ce site a besoin de ramifications mondiales pour fonctionner et cela lui permet d’avoir une capacité de production débordant largement le seul marché allemand et même européen. Mais, de l’autre, cet outil de production exceptionnel est la propriété d’un tout petit nombre d’actionnaires, qui sont seuls à décider de son utilisation, et les rivalités entre puissances capitalistes font que les frontières des différents États nationaux pourraient lui couper les ailes. Il n’y a qu’en abolissant la propriété privée des moyens de production et en abolissant les frontières entre nations que l’économie mondiale pourrait se développer sur une nouvelle base.

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