Santé : l’été de tous les dangers22/06/20222022Journal/medias/journalnumero/images/2022/06/2812.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Santé : l’été de tous les dangers

À l’approche de l’été, l’hôpital craque de partout, à commencer par les services d’urgence dont la situation est catastrophique depuis déjà longtemps.

Le sous-effectif chronique ne permet d’assurer qu’en partie l’accueil des malades dans près de huit services d’urgence sur dix.

Sur les 600 services d’urgence que compte le pays, 120 ferment déjà la nuit ou le week-end. Quant aux autres, beaucoup ne répondent plus à partir de la fin de l’après-midi. Les malades n’ont plus alors comme solution que d’appeler le 15. Partout, il faut attendre des heures avant d’être pris en charge par un personnel exténué.

Au-delà des Urgences, tous les services hospitaliers sont concernés et s’attendent à une situation encore plus dégradée cet été. L’exemple du CHU Pellegrin de Bordeaux – second CHU du pays avec 14 000 salariés – est édifiant. Il est déjà contraint depuis le 18 mai de fermer ses urgences de 17 heures à 8 heures, sauf pour les urgences vitales, car il manque 40 % des effectifs. Il a annoncé la déprogrammation d’opérations cet été pendant deux à trois semaines et la fermeture de 600 lits durant trois semaines, pour permettre au personnel de prendre ses congés. C’est deux fois plus que les années précédentes.

La canicule qui a frappé le pays ces derniers jours a mis les hôpitaux sous tension, alors que cet épisode climatique n’a rien d’inédit ni d’imprévisible en cette saison. Mais l’hôpital fonctionne tellement sur le fil du rasoir qu’un rien suffit à le rendre ingérable.

La situation est la même dans les maternités du fait du manque de sages-femmes, notamment dans les maternités de type 3 qui accueillent les patientes à risque. « Ça va être terrible cet été », déclare un gynécologue de l’hôpital de Saint-Denis. Il manque près d’un tiers des 91 sages-femmes qui y travaillent habituellement, il n’y a plus que 300 accouchements programmés au lieu de 400 et même les échographies ne sont plus assurées en totalité.

Dans les Ehpad, la situation n’est pas meilleure. Certains ont même demandé aux familles de venir reprendre leur résident pour l’été. Enfin la nouvelle vague de Covid, avec près de 40 000 cas nouveaux par jour, vient ajouter aux difficultés de l’hôpital, où on peut craindre une situation pire que celle du printemps 2019 au début de la pandémie. Pour Marie-Pierre Martin, porte-parole du collectif Inter Urgences, « l’hôpital est en ruine… on ne tient plus. »

Face à cette situation lourde de drames pour les malades et leurs familles, le gouvernement brasse du vent. Macron, en visite au CHU de Cherbourg, avait annoncé une mission « flash » qui en un mois allait faire le point, comme si le constat d’urgence n’était pas fait de longue date.

Quant à Brigitte Bourguignon, la ministre de la Santé démissionnaire après sa défaite aux législatives, elle avait annoncé des mesures comme celle de doubler pour l’été la rémunération des heures supplémentaires et de permettre aux infirmiers et aides-soignants en fin de formation de travailler avant d’avoir reçu leur diplôme, ce qui ne ferait gagner que deux semaines de travail.

Faute de débloquer les budgets nécessaires pour embaucher les milliers de soignants qui manquent et construire les hôpitaux, cliniques, Ehpad et maternités indispensables, Macron continue ses discours creux. L’argent, il le réserve aux subventions au profit du grand patronat.

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