Beurre en plaques et or en barres22/06/20222022Journal/medias/journalnumero/images/2022/06/2812.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Beurre en plaques et or en barres

Les grands médias annoncent en ce début d’été une pénurie de beurre pour l’automne. Ils relayent ainsi les publications professionnelles de la filière, c’est-à-dire, en fait, les industriels de la transformation du lait.

Quoique les vaches soient encore nécessaires à sa production, le lait est une matière première comme une autre. Son prix est déterminé sur le marché mondial, sa transformation et sa commercialisation sont entre les mains d’un petit nombre de sociétés internationales qui décident souverainement ce qu’elles en font et à qui elles le vendent. Que la production soit encore réalisée dans de petites exploitations comme en France ou qu’elle provienne de fermes géantes comme en Nouvelle Zélande, la filière est dominée par trois géants, Lactalis, Nestlé et Danone. La vache Holstein aux doux yeux, où qu’elle paisse, produit presque toujours des euros ou des dollars pour Lactalis ou un autre.

Le beurre aura augmenté de presque 70 % en un an. Le patron de Lactalis, ses collègues et ses plumitifs, volontaires ou salariés, trouvent à cette augmentation mille et une causes pouvant conduire, disent-ils, à une prochaine pénurie : l’augmentation générale des prix, la guerre en Ukraine, les difficultés du commerce mondial. Ils ajoutent même que le beurre, dérivé moins rentable de la production laitière que le fromage ou le lait en poudre, n’est pour eux qu’un produit accessoire. Peut-être, mais pour des millions de familles, il est un produit de consommation courante indispensable.

Lactalis, numéro 1 mondial incontesté du lait depuis des années, possède 270 usines dans 52 pays, avec un chiffre d’affaires de 22 milliards d’euros et un bénéfice net de 445 millions d’euros. Celui-ci doit augmenter quels que soient les aléas du marché ou du climat. Ses concurrents, à peine plus petits sur ce secteur, veulent la même chose. Que les géants du lait répercutent les hausses de prix de leurs fournisseurs ou, plus probablement, qu’ils saisissent l’occasion d’augmenter leurs profits, le coût final sera supporté par les consommateurs, c’est-à-dire essentiellement les familles populaires.

Cette campagne de presse, qui n’est pas la première du genre, prépare manifestement la hausse conséquente des prix nécessaire pour que Lactalis et les autres aient le beurre, l’argent du beurre et le sourire de l’actionnaire.

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