Maroc : répression chez un sous-traitant d’Orange15/06/20222022Journal/medias/journalnumero/images/2022/06/2811.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Maroc : répression chez un sous-traitant d’Orange

Au Maroc, après avoir organisé un débrayage dans le centre d’appels Business Casablanca 2S, filiale de Comdata, lui-même sous-traitant d’Orange, sept militants syndicaux ont été interdits d’accès à leur lieu de travail et ont vu leur salaire bloqué.

Depuis le début des années 2000, les centres d’appels ont fleuri par centaines au Maroc. La plupart d’entre eux sont des filiales ou des sous-traitants de grandes entreprises étrangères, en particulier françaises. Ils emploient des dizaines de milliers d’employés et sont la seule possibilité de travail pour bien des jeunes diplômés.

Comme dans tous les autres secteurs, les conditions de travail se dégradent : horaires à rallonge, travail le week-end et les jours fériés, normes de rendement plus dures concernant le nombre d’appels journaliers et les objectifs commerciaux… Les salaires sont bloqués depuis des années. L’inflation, très importante au Maroc depuis le Covid, rend la situation de plus en plus difficile pour les salariés.

Chez Business Casablanca 2S, qui emploie 1 400 salariés, la colère a éclaté après l’annonce de la fusion entre la maison mère Comdata et l’entreprise Konecta, aboutissant à la création d’un mastodonte au sixième rang mondial du secteur : des milliards mis sur la table d’un côté, des miettes de l’autre !

Le 21 avril, un débrayage d’une demi- journée a été organisé par les syndicalistes de l’UMT (Union marocaine du travail) pour réclamer de meilleurs salaires. Dans ce secteur assez peu organisé, il n’en a pas fallu davantage pour lancer la machine à répression. L’une des syndicalistes a été abusivement mutée dans une autre ville, les autres tout bonnement licenciés dans les jours qui ont suivi. Aujourd’hui, les syndicalistes licenciés sont en plus poursuivis en justice par l’entreprise pour entrave à la liberté du travail. Ils risquent jusqu’à deux ans d’emprisonnement et une amende de 5 000 dirhams (476 euros, pour un smic à 250 euros).

Les patrons marocains essaient ainsi de faire peur et de tuer dans l’œuf toute velléité de s’organiser et de se mettre en grève face à leurs attaques. Mais, derrière eux, il y a la maison mère italienne, Comdata, et le donneur d’ordres français Orange, tous d’accord pour exploiter au maximum leurs salariés, au Maroc ou ailleurs.

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