Transport maritime : laisser-faire, laisser-polluer02/06/20212021Journal/medias/journalnumero/images/2021/06/2757.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Transport maritime : laisser-faire, laisser-polluer

Le X-Press Pearl, porte-conteneurs de 186 mètres, est en feu depuis le 20 mai à quelques milles au large de Colombo, au Sri Lanka.

Une partie de la cargaison flambe, une autre, mélange de dizaines de tonnes de billes de plastique et de déchets de combustion, pollue des kilomètres de côtes et toute une étendue maritime, le reste coulera avec le navire. Le Sri Lanka annonce déjà la pire pollution de son histoire.

Le X-Press Pearl était un bâtiment neuf, armé par la première compagnie mondiale de cabotage, prenant les conteneurs sur les bateaux géants pour les convoyer dans les ports de moindre importance et de moindre tirant d’eau sur le circuit de l’océan Indien. Ayant repéré des fuites d’acide nitrique sur un conteneur, l’équipage avait demandé le droit d’escale au Qatar pour décharger la cargaison. Les autorités ayant refusé, en affirmant que le port n’en avait pas les moyens techniques, le navire a donc fait route, avec sa fuite d’acide. Le feu a pris le 20 mai, en vue de Colombo. L’équipage, avec deux blessés, a pu être évacué, mais les secours n’ont pu arrêter l’incendie ni empêcher la pollution.

Le bateau contenait au moins 25 tonnes d’acide nitrique, une cargaison de soude caustique, une cargaison de 50 tonnes de carburant marin et 278 tonnes de fioul lourd dans ses soutes, plus 28 conteneurs de granulés plastiques pour emballage, et bien d’autres choses encore puisqu’il emportait 1 486 conteneurs.

L’incendie s’étant déclaré près d’une côte, la pollution est spectaculaire et documentée. Mais ce genre d’incendie est assez fréquent, les assureurs en comptent en moyenne un tous les deux mois ! Plus de la moitié sont dus au fait que l’équipage ne sait pas vraiment ce que contiennent les boîtes. Ainsi on peut exposer au soleil des tropiques, en haut de la pile, un conteneur qui devrait rester au frais, à fond de cale. Et surtout, une fois l’incendie parti, on ne sait pas avec quoi le combattre, parce qu’on ne sait pas ce qui brûle.

Au moment où les autorités envoyaient le X-Press Pearl à la catastrophe, une réunion de l’Organisation maritime internationale consacrée à la sécurité tirait ses conclusions. Une proposition visant à mieux contrôler les conteneurs afin de lutter contre les incendies avait été déposée. L’OMI en a pris bonne note et promis qu’elle serait examinée en son temps. La proposition dans le cadre du gigantisme, de créer l’obligation d’un service de remorquage d’urgence sera elle aussi examinée.

Tout pour le profit, tant pis pour les équipages ! Pour la pollution et le reste on examinera cela plus tard. Ni l’échouage de l’Ever Given dans le canal de Suez en mars, ni l’incendie du X-Press Pearl en mai n’auront fait dévier les grands armateurs et les pouvoirs publics de leur politique.

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