Leur société

Écoles : cantines en sursis

« On peut imaginer de fermer les cantines » : c’est ce qu’a déclaré le 14 mars Jean-Michel Blanquer, le ministre de l’Éducation nationale, incapable d’endiguer la vague de contaminations qui touche actuellement les établissements scolaires.

En effet le 12 mars son ministère recensait 833 classes fermées en France pour raison épidémique, soit presque le double de la semaine précédente. Et pourtant les critères menant aux fermetures de classes ont été assouplis au fil des multiples révisions du protocole sanitaire.

On se rappelle qu’en mars 2020, lors de la fermeture générale des établissements scolaires, le gouvernement avait laissé les élèves, leurs familles et les enseignants se débrouiller par eux-mêmes pour organiser les études à distance. Sur le fond, rien n’a changé en un an. L’incurie du gouvernement est simplement encore plus évidente.

Il est par exemple plus facile pour Blanquer de se vanter de mettre en place les tests salivaires, indiqués pour de très jeunes enfants, que de les mettre en pratique efficacement. Ainsi, alors que les cas positifs se multiplient dans une école maternelle du 20e arrondissement de Paris, les parents inquiets viennent d’apprendre qu’il faudra attendre au moins quinze jours pour que leurs enfants soient testés.

Discourir sur les risques induits par les repas pris à la cantine ne peut pas cacher que, dans les écoles, le personnel manque pour enseigner en petits groupes ou pour nettoyer et désinfecter quotidiennement.

Le ministre est obligé de reconnaître que les cantines sont, « pour beaucoup d’enfants, le seul moyen de faire un repas équilibré dans la journée ». Mais les choix du gouvernement de financer le système scolaire a minima, même lors d’une épidémie pendant laquelle le patronat ne veut pas se passer des parents comme main-d’œuvre, lui font envisager de priver les enfants de milieu populaire d’une alimentation équilibrée. Et ce alors que deux collégiens et lycéens sur trois mangent chaque midi à la cantine. Sans parler du casse-tête pour les parents, qui ne peuvent pas laisser leurs enfants le ventre vide à midi.

Affirmant que l’école « c’est l’institution la plus précieuse au cœur de la société », Blanquer explique qu’« on ne peut la fermer que lorsque l’on a tout essayé ». Mais le gouvernement ne veut surtout pas essayer de prendre sur les profits capitalistes pour donner aux écoles les moyens d’assurer l’accueil des enfants et l’enseignement dans des conditions de sécurité sanitaire.

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