Iveco Bus – Annonay : mécontentement sur les salaires17/03/20212021Journal/medias/journalnumero/images/2021/03/2746.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Iveco Bus – Annonay : mécontentement sur les salaires

Des débrayages pour les salaires ont démarré lundi 8 mars à l’usine Iveco Bus d’Annonay, où 1 500 travailleurs produisent des bus et des cars pour toute l’Europe.

Lors des négociations annuelles obligatoires (NAO) sur les salaires, les dirigeants d’Iveco ont proposé 0,5 % d’augmentation générale, soit à peine 6 euros sur les plus bas salaires, ce qui a été pris comme une insulte par les ouvriers.

Les salaires sont notoirement insuffisants, surtout sur les lignes de montage, où les postes sont moins qualifiés. Comme dans bien des grands groupes, ils sont bloqués depuis des années. L’an dernier, la direction avait profité du premier confinement pour geler les NAO. Cette année, à leur approche, elle avait réduit la production et imposé des jours chômés afin d’entretenir l’incertitude sur l’avenir.

Malgré cela, avant même ses annonces, des discussions avaient lieu sur la nécessité de réagir. Le 8 mars, suite à l’annonce des 0,5 %, 80 % de l’effectif débrayait à l’appel de la CGT, pendant deux heures pour la plupart. Ce jour-là, deux rassemblements sur les différentes équipes regroupaient 300 participants. Toute la semaine, débrayages et discussions se poursuivaient entre des ouvriers heureux de se retrouver nombreux. La production, habituellement de six véhicules par jour, tombait à un seul. Le jeudi et le lundi suivants, de nouveaux rassemblements avaient lieu, avec plusieurs centaines de participants.

Depuis des années, il n’y avait pas eu de mouvement avec des rassemblements aussi nombreux. En débrayant, les travailleurs affirment qu’il leur faut plus que des miettes pour vivre, sans formuler une revendication précise. Les responsables de la CGT ont revendiqué dans la presse une augmentation de 100 euros, mais sans la défendre clairement devant les grévistes. Tout en commençant une deuxième semaine de débrayages, les travailleurs savent que faire payer Iveco, malgré ses coffres bien remplis, est un combat difficile.

Iveco fait partie du groupe CNHi (Case New Holland Industrial), contrôlé par la société Exor de la famille Agnelli. En 2020, CNHi a fait 360 millions d’euros de bénéfices et mis de côté 3 milliards supplémentaires en trésorerie. À Annonay comme ailleurs, les travailleurs voient bien que ces profits ont été obtenus sur leur dos. Depuis un an, une centaine de postes d’ouvriers ont été supprimés, et la hiérarchie a imposé huit semaines d’arrêt de production par des congés non choisis, du chômage partiel et la fin de contrats d’intérim. Les ouvriers restants ont produit le même nombre de véhicules qu’en 2019, mais dans des conditions dégradées et avec des cadences accrues. Ces sacrifices alimentaient depuis des mois une colère sourde, avec le sentiment d’être méprisés.

Ce mouvement, sur un problème commun à toute l’usine, change l’ambiance. Quelle qu’en soit l’issue, la fierté de relever la tête et les liens créés sont déjà un pas en avant.

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