Maroc-Israël : diplomatie trumpienne16/12/20202020Journal/medias/journalnumero/images/2020/12/2733.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Maroc-Israël : diplomatie trumpienne

Par trois tweets successifs postés le 10 décembre, Trump, le président américain actuel, a d’une part reconnu la souveraineté marocaine sur le Sahara occidental, d’autre part annoncé des « relations diplomatiques complètes » entre les « deux grands amis » des États-Unis, Israël et le Maroc. Cela constituerait à ses yeux une « percée massive pour la paix au Moyen Orient ».

Le feu vert de Trump renforce le souverain marocain Mohammed VI dans la question du Sahara occidental, où le pouvoir s’est embourbé depuis 45 ans, refusant de reconnaître le droit des habitants à l’autodétermination et à l’indépendance. Obtenir le soutien du grand ami américain pourra sans doute aussi attirer celui des puissances européennes, en particulier de la France, autre pays ami qui conserve le Maroc dans sa zone d’influence.

Le ministère français des Affaires étrangères s’est d’ailleurs empressé dès le lendemain de féliciter le Maroc pour la seconde phase des annonces de Trump, la reprise des relations diplomatiques entre le Maroc et Israël. Par cette normalisation, le pouvoir marocain marque qu’il tourne le dos aux revendications de la population palestinienne, à son droit à l’existence nationale, et au soutien que lui portent, depuis des décennies, les peuples des autres pays arabes. Il est vrai que le soutien du pouvoir marocain à la cause palestinienne n’a jamais été autre chose que symbolique.

Il est vrai aussi que les relations israélo-marocaines étaient déjà très « normales », comme l’a précisé le ministre marocain des Affaires étrangères. Même discrète, la coopération sur les questions militaires et de renseignement a toujours été étroite. Israël a aidé le pouvoir marocain à obtenir des armes et du matériel de renseignement, à les utiliser avec efficacité. Désormais cette coopération militaire se fera au grand jour. Peu soucieux des réactions de la population face à son mépris affiché de la question palestinienne, Mohammed VI a fait violemment disperser les rassemblements de protestation appelés le 14 décembre devant le parlement de Rabat. En cédant avec empressement à la manœuvre de Trump, il espère renforcer son rôle dans la région, en tant que dirigeant du sixième pays arabe ayant reconnu Israël et soutenant la politique de l’impérialisme américain au Moyen-Orient.

En prétendant cyniquement faire avancer la paix dans la région, Trump alimente les conflits, non seulement au Sahara occidental, non seulement en Israël et dans les territoires que celui-ci occupe, mais dans tout le Proche-Orient où sa politique vise à isoler et acculer l’Iran. Il cherche aussi à verrouiller la diplomatie américaine au cas où son adversaire Biden voudrait lui apporter quelque inflexion ; tout cela aux dépens des peuples de la région.

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