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Nouvelle-Calédonie : le pillage du nickel continue
Le conflit qui oppose les partis nationalistes kanaks à l’État français et au trust brésilien Vale au sujet de la vente de son usine de nickel de Goro a pris une nouvelle dimension lundi 7 décembre.
La solution choisie par Vale, soutenue par l’État français, était la vente de cette usine à Trafigura, une entreprise suisse de négoce de matières premières, associée pour l’occasion à la province Sud du territoire dirigée par les « loyalistes », la droite et l’extrême droite proche de la bourgeoisie caldoche. Les nationalistes kanaks dénoncent le fait qu’au travers de ce montage, toute une partie du nickel, la principale richesse de la Nouvelle-Calédonie, continue d’être pillée par quelques multinationales et d’échapper aux Kanaks.
Effectivement, sur les deux autres usines qui exploitent le nickel de l’archipel, la principale, La Société Le Nickel, qui exploite le filon depuis 1870, est aujourd’hui propriété d’Eramet et de la famille Duval, une famille bourgeoise du Puy-de-Dôme, 249e fortune de France. La troisième usine, celle de Koniambo, est détenue par la Sofinor, une société contrôlée par la province Nord et les nationalistes kanaks, associée à Glencore, trust minier basé en Suisse. Cette position de la Sofinor à Koniambo est le fruit de la politique de l’État français lors des accords de Nouméa, qui cherchait à intégrer économiquement et politiquement les nationalistes kanaks en leur concédant quelques positions.
Pour contrer l’opération entre Vale et Trafigura et faire pression sur l’État français, les partis kanaks ont organisé depuis août protestations et manifestations avec le mot d’ordre « usine sud = usine pays ». Ils ont poussé une offre alternative à celle de Trafigura et de la province Sud : l’usine de Goro serait reprise par la Sofinor, associée pour l’occasion à un trust minier coréen Korean Zinc. L’État français, sans qui rien ne se fait réellement en Nouvelle-Calédonie quand il s’agit du nickel, s’est retranché derrière le droit de propriété de Vale pour avaliser de fait l’opération avec Trafigura.
Mi-novembre, alors que la vente se précisait, les nationalistes kanaks ont multiplié les mobilisations. Mais le 7 décembre, Korean Zinc a annoncé abandonner la partie, rendant caduque l’offre de Sofinor. Les partis nationalistes kanaks ont alors augmenté la pression avec des barrages sur les routes, des voitures incendiées, l’intrusion dans l’usine de Goro, des affrontements avec la gendarmerie... Des caldoches ont répliqué en organisant des contre-barrages, certains ayant sorti leurs fusils, dans des scènes qui évoquaient à beaucoup les événements des années 1980. Enfin, le 12 décembre, les loyalistes rassemblaient 23 000 personnes dans une manifestation à Nouméa contre « les violences ».
Finalement le gouvernement français a invité les partis kanaks à de nouvelles négociations. Il est possible que l’État intervienne pour que la Sofinor soit invitée à faire partie des actionnaires de Goro avec la province Sud, ce qui pourrait satisfaire les partis kanaks. Quant à être une garantie pour les travailleurs du secteur, c’est une autre affaire.