Grande-Bretagne : notre vie ou leurs profits19/05/20202020Journal/medias/journalnumero/images/2020/05/2703.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Grande-Bretagne : notre vie ou leurs profits

Cet article est traduit du mensuel trotskyste Workers’ Fight (n° 113, 14 mai), édité par nos camarades britanniques (UCI-Grande-Bretagne).

Maintenant que le Premier ministre Boris Johnson a relâché le confinement, permettant de nouvelles contaminations, les travailleurs sont appelés à s’appuyer sur le « bon sens britannique » pour « sauver des vies ». Que Johnson en appelle au nationalisme n’est pas étonnant. Il doit faire oublier que le confinement a été décidé trop tard, appliqué trop légèrement et qu’il est maintenant interrompu trop tôt. Le virus a causé 34 000 morts au bas mot, peut-être 50 000 en réalité, plus que dans n’importe quel autre pays, après les États-Unis.

Mais Johnson veut aussi cacher la vraie raison du déconfinement : faire passer les patrons et leurs profits (l’« économie ») avant la vie et la santé de la population. Les gouvernements veulent toujours le faire. Mais cette fois-ci, nous sommes au milieu d’une pandémie. Et cela rend l’approche de Johnson encore plus irresponsable, voire criminelle.

L’économie est maintenant en récession. Le 7 mai, la Banque d’Angleterre a envisagé le pire recul depuis 1706 ! Mais elle a aussi dit que si le confinement prenait fin en juin, les dégâts économiques se limiteraient à une baisse de 14 % du PIB. C’est pourquoi Johnson a changé de position et a trouvé des données montrant que le « peuple britannique » aurait réduit le R0, le taux de transmission du virus, et ne devrait donc plus « rester à la maison » !

Les chiffres officiels montrent que l’économie a déjà chuté de 5,8 % en mars, mais cela ne comprend qu’une semaine de confinement. Entre avril et juillet, la baisse du PIB pourrait atteindre 24 à 30 %.

Il n’est donc pas surprenant que le ministre de l’Économie, Rishi Sunak, ait prolongé la durée du chômage partiel, qui était de quatre mois (à 80 % du salaire mensuel), à huit mois (peut-être réduits à 60 % du salaire), laissant au patronat plus de temps pour se retourner. Ce n’est pas seulement une subvention directe qui lui est versée, c’est une aide aux licenciements.

Rolls Royce et British Airways ont ainsi mis des milliers de leurs salariés au chômage partiel, avant d’annoncer que leurs emplois étaient supprimés. 5 % des travailleurs ont déjà perdu leur emploi. Il y avait en avril 2,5 millions de nouveaux demandeurs de l’allocation Universal Credit, une sorte de RSA pour les plus pauvres. Le taux de chômage pourrait dépasser 9 %.

Les capitalistes veulent des profits. Alors, comme par enchantement, ils présentent des lieux de travail « sécurisés », avec des postes respectant la distanciation physique. Mais les travailleurs savent qu’ils ne peuvent faire confiance aux patrons sur la sécurité.

Les journaux ont comparé la crise du Covid-19 avec celle de la Peste noire, entre 1347 et 1351. Ce fut la pire pandémie de l’histoire, tuant peut-être 200 millions de personnes. Elle déclencha aussi les premières luttes véritables des ouvriers agricoles contre les seigneurs propriétaires, ce qui permit aux salaires d’augmenter et aux conditions de travail de s’améliorer. (…)

Les travailleurs ont toutes les raisons d’insister pour que seules les activités indispensables soient autorisées et que celles-ci soient réparties entre tous, de sorte que le temps de travail soit réduit et les salaires préservés. La priorité doit être de maintenir au minimum l’exposition au virus. Et le seul moyen pour y parvenir, c’est que la classe ouvrière s’en charge elle-même.

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