Dans les entreprises

SNCF : Farandou veut tuer l’emploi, pas le virus

Farandou, le nouveau président de la SNCF, a annoncé qu’il entendait faire payer aux cheminots la perte de recettes liée au coronavirus. « Si la reprise est lente et si nous produisons moins de trains que par le passé, il ne sera pas anormal ou illogique dajuster le niveau demploi au volume dactivité », a-t-il déclaré le 2 mai.

C’est une décision aussi choquante qu’irresponsable. Comme prétexte Farandou a mis en avant une baisse du chiffre d’affaires de deux milliards d’euros. Il s’est empressé d’y ajouter la perte d’un milliard de recettes liée à la grève contre la réforme des retraites, pour présenter la SNCF comme quasiment au bord du gouffre.

En raison du confinement, le transport ferroviaire de voyageurs a évidemment chuté de façon drastique, à 6 ou 7 % de son volume habituel. Mais les dépenses de la SNCF ont aussi chuté : 100 000 cheminots ont été placés, y compris de façon rétroactive, en chômage partiel. C’est l’État, donc l’argent public, et non la SNCF qui a payé les salaires dans la période en cas de chômage partiel. La SNCF a aussi refusé de garantir le maintien de l’intégralité du salaire, en particulier les primes liées au travail de nuit ou de dimanche, qui représentent parfois une grande part de la rétribution. De plus, comme beaucoup de patrons, la SNCF a imposé à bon nombre le vol de six jours de congé et de repos compensateurs.

Elle a aussi suspendu beaucoup de contrats avec des entreprises sous-traitantes, dans le nettoyage ou la sécurité. La plupart des travaux de rénovation sur les voies, souvent réalisés par des entreprises sous-traitantes ont été stoppés. Dans toutes ces entreprises, les salariés ont été placés au chômage partiel ou intégral. Bien plus que la trésorerie de la SNCF, ce sont donc les travailleurs qui ont déjà fait les frais du virus, non seulement sur le plan sanitaire pour certains, mais aussi sur le plan financier. C’est déjà inacceptable.

Aujourd’hui, la direction de la SNCF trépigne d’impatience à l’idée de remplir à nouveau ses trains. Concernant la grande vitesse, elle a promis un niveau de trafic équivalent à l’an dernier, dès la mi-juin pour les congés d’été, alors même que les festivals sont annulés et que tout le monde ignore s’il sera possible de quitter une région. Mais la SNCF rechigne à l’idée de respecter les règles de distanciation et de ne remplir qu’un siège sur deux, évidemment pour des raisons commerciales.

Concernant les TER et les transiliens, Farandou promet 50 à 60 % du trafic dès le 11 mai et 100 % dès le mois de juin. Avec le déconfinement, une grande partie des risques de contamination seront liés au transport de millions de salariés, alors que le virus circule plus facilement que les trains de banlieue.

En temps normal, les transports en commun sont déjà surchargés. Comment croire que les règles de « distanciation sociale » pourront y être respectées ? Farandou, qui n’a pas de solution, en appelle à la bonne volonté des patrons pour inciter au télétravail le maximum de leurs salariés.

Une chose est sûre, quel que soit le rythme de déconfinement, il faudrait garantir l’entretien et la parfaite désinfection des rames mises à disposition des voyageurs. Il faudrait garantir au personnel qui opère sur ces rames, que ce soit à la conduite, à l’entretien mécanique ou à la désinfection, les protections maximales et des effectifs renforcés, vu la charge de travail décuplée pour chaque train. Mais Farandou, au lieu de mettre au premier plan la sécurité des usagers et des cheminots, veut profiter de cette crise pour supprimer des emplois.

La priorité devrait être au contraire d’embaucher massivement dans l’entretien et le nettoyage des rames, l’aide aux usagers en gare et dans les trains, afin que l’on ne risque pas sa vie et celle de ses proches en prenant le train.

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