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La société en crise
Masques : nouveau produit d'appel
Les PDG se sont relayés pour claironner la mise en vente de dizaines, voire de centaines de millions de ces produits indispensables. Cela a déclenché les protestations scandalisées des personnels de santé et de toutes les professions qu’on a réduits à la portion congrue, faute de stocks.
La réaction des patrons de ces groupes a été violente. Michel-Édouard Leclerc a crié à la diffamation et a jugé cette polémique « dégueulasse car ça casse le front qui s’est construit entre le personnel de santé et le monde économique ». À l’en croire, ces géants de la distribution sont de vrais
bienfaiteurs.
Réfutant tout stockage, ils ont préféré parler de « sécurisation » et d’arrivage au fur et à mesure. Mais sur 225 millions de masques annoncés par Carrefour, 170 millions par Leclerc, l’arrivage au fur et à mesure dans les entrepôts ne se fait pas par paquets de dix. Intermarché et Netto ont reconnu avoir réceptionné 50 millions de masques entre le 13 avril et le 2 mai, pour une mise en vente dans la semaine du 4 mai. Mais surtout, quel que soit le volume du stock aujourd’hui ou dans un futur proche, ce produit vital devenu un produit d’appel pour supermarchés va enrichir ceux qui, avec la
fermeture des petits commerces, profitent déjà de l’épidémie. Ils le vendront à prix coûtant, disent les PDG de ces groupes : 1 euro maximum, visant au passage des pharmaciens jugés jaloux de cette manne. Mais avant l’épidémie, les mêmes masques chirurgicaux valaient moins de dix centimes d’euros. Maintenant une famille de quatre personnes, à raison de deux masques par personne et par jour, devrait dépenser plus de 200 euros par mois.
Les personnels de santé vont continuer à se voir compter le nombre de masques par jour, car si l’État dit en commander beaucoup plus, il a l’air d’être beaucoup moins débrouillard que les capitalistes de la distribution… Et ces derniers vont encore arrondir leurs profits avec la bénédiction du
gouvernement.