Nos lecteurs écrivent : Auxiliaires de vie : télégestion déshumanisée29/01/20202020Journal/medias/journalnumero/images/2020/01/2687.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Nos lecteurs écrivent : Auxiliaires de vie : télégestion déshumanisée

Pour nos étrennes d’auxi­liaire de vie à domicile, à la demande du conseil régional des Hauts-de-France, on nous a offert un « assistant mobile » pour gérer nos plannings, les informations concernant nos patients, leur pathologie, les tâches à effectuer, leur adresse, tout cela étant censé nous faciliter le travail et la vie.

Maintenant, on doit badger sur ce smartphone quand on arrive chez un patient. Cinq minutes avant la fin de l’intervention, une sonnerie retentit et le compte à rebours démarre. Comme le temps dépassé par rapport au temps prévu est à la charge du patient, ils surveillent encore plus que nous ce bip. « Attention de ne pas dépasser ! », voilà ce qu’on entend à longueur de journée, avec des patients rendus anxieux et stressés et des conditions de travail encore plus tendues qu’avant !

En plus, on reçoit des notifications, des ajouts de prestations sur nos plannings, des demandes de remplacement immédiat pendant nos jours de repos, alors que l’on vient de travailler six jours d’affilée et que c’est illégal d’en faire un de plus !

Ce téléphone sert aussi à harceler les auxiliaires de vie de messages pour rajouter deux heures de travail sur leurs journées déjà bien chargées, leur rappeler au passage que tout refus est enregistré et que, sans justificatif de la raison de leur refus, celui-ci peut être un motif de sanction disciplinaire : des heures supplémentaires, non rémunérées, mises en banque et qu’il faut récupérer plus tard. On nous rappelle aussi tout le temps quand nous sommes en repos, et on se retrouve d’astreinte non rémunérée, à disposition, à sursauter à chaque coup de téléphone, avec une vie de famille vraiment perturbée !

Et nous voilà arrivées comme à l’usine, à pointer nos heures, à faire tout dans la vitesse, sauf que l’on s’occupe de personnes souvent âgées et malades, on ne travaille pas sur des machines. Et nous-mêmes nous ne sommes pas des machines !

En tant que soignantes, notre travail se dégrade, on a de moins en moins de temps pour faire une toilette, changer les personnes, donner un repas et rassurer les patients. Et ils en souffrent. Comment, en tant que soignantes, pourrions-nous être satisfaites de notre travail ?

La télégestion, c’est pour notre bien ? Non, pas du tout, c’est pour le fric. Arrêtons les économies réalisées sur notre dos et celui des patients !

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