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Leur société
Réforme des retraites : les salariés ponctionnés
Trouver 12 milliards d’euros d’ici à 2027 pour équilibrer l’actuel régime des retraites, c’est le but affiché par le gouvernement pour la conférence de financement, qui devrait réunir, avec Édouard Philippe, des représentants des confédérations syndicales et du patronat.
L’épée de Damoclès fixée par le gouvernement est, faute d’aboutir à un projet viable dans les trois mois, d’arrêter un âge d’équilibre à 65 ans, voire plus.
Le ton est donné et le contenu est clair : équilibrer le régime des retraites signifie prélever exclusivement sur les salariés, les chômeurs, voire les futurs retraités, de quoi verser une pension à ceux qui auront travaillé toute leur vie à faire tourner l’économie et la société, à en fabriquer les richesses.
Or c’est ce qui se passe déjà. Ce sont les travailleurs qui cotisent pour la retraite des anciens travailleurs, par le biais du système de répartition, et en partie pour la leur propre. Les cotisations dites patronales, voire les fonds apportés par l’État, ont en réalité la même provenance.
La prétendue recherche d’un équilibre n’est qu’une tentative de limiter la part des richesses produites allant au revenu des retraités, une dépense considérée comme improductive. En revanche, il n’est pas question de limiter l’avidité des groupes capitalistes du CAC40, qui ont versé cette année à leurs actionnaires 60 milliards d’euros de dividendes, soit cinq fois la somme que le gouvernement dit devoir trouver pour équilibrer les retraites. La preuve qu’il ne cherche pas là où il faut !
Un article du projet de loi sur la réforme des retraites adopté en Conseil des ministres le 24 janvier, le système par points rejeté par des dizaines de milliers de manifestants comme par une opinion publique majoritaire, le démontre. La fameuse valeur du point, sa valeur d’acquisition comme sa valeur de service – ce qu’on touchera à la retraite –, serait fixée par la future caisse nationale de retraite universelle, qui remplacerait toutes les autres et dont le directeur serait nommé par le gouvernement, et au besoin par décret (art. 9). Le gouvernement, celui-là ou les suivants, aurait donc entièrement la main sur l’évolution de ces taux, sans la moindre garantie qu’ils ne baisseront pas après liquidation, là encore en fonction de l’impératif de l’équilibre.
Le Medef, qui approuve le projet, se dit prêt à participer pleinement à la conférence. Il n’est pas question pour lui d’explorer d’autres pistes. Par exemple embaucher, en créant un million d’emplois, rapporterait 10 milliards d’euros de cotisations supplémentaires ; égaliser les salaires féminins avec les masculins ajouterait mécaniquement 6 milliards de recettes de cotisations par an ; supprimer les exonérations de cotisations sociales patronales fournirait encore près de 70 milliards par an. Et, surtout, cesser les aides publiques aux entreprises économiserait d’emblée 140 milliards par an.
La logique d’un pouvoir aux mains des capitalistes est de prélever sur les travailleurs et les classes populaires tout ce qui peut servir à enrichir davantage les milliardaires d’ici et d’ailleurs. C’est justement ce que refusent les travailleurs mobilisés contre cette réforme.