Brésil : Les Amérindiens accusent29/01/20202020Journal/medias/journalnumero/images/2020/01/2687.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Brésil : Les Amérindiens accusent

Mi-janvier, 600 leaders indigènes du Brésil se sont réunis autour de Raoni, le chef Kayapo que le chanteur Sting a rendu célèbre. Ils accusent le gouvernement Bolsonaro d’ethnocide et d’écocide, c’est-à-dire de détruire la forêt amazonienne et les Indiens.

Ceux-ci ne représentent qu’une petite minorité : ils sont entre 100 000 reconnus par le gouvernement et 700 000 qui se sont déclarés Indiens au dernier recensement. Un grand nombre ne vivent plus en tribus dans la forêt, mais peuplent les villes et villages. À part quelques rares exceptions, ils font partie des pauvres. La Constitution reconnaît à leurs 300 tribus la jouissance de 13 % du territoire, en particulier dans l’Amazonie, soit une superficie du double de la France.

Or depuis le tournant du siècle s’est produite une ruée sur les forêts et terres de l’Amazonie, pour couper les bois précieux, extraire l’or et les autres minerais, élever du bétail, produire en grand du soja et de la canne à sucre, toutes activités qui forment la plus grosse part des exportations du pays.

Lors de sa campagne présidentielle, Bolsonaro a dit tout le mal qu’il pense des Indiens : ce seraient des fainéants qui monopolisent toutes ces terres qui devraient faire la prospérité du Brésil. Il a regretté par exemple que l’armée brésilienne n’ait pas eu l’efficacité de la cavalerie des États-Unis, qui y a exterminé les Indiens.

Au pouvoir, Bolsonaro est passé aux actes, légitimant peu à peu l’exploitation des réserves amazoniennes. Il a par exemple confié au ministère de l’Agriculture, dirigé par un membre du lobby agro-industriel, la gestion de la Fondation de l’Indien et l’attribution des concessions forestières. Son ministre de l’Environnement démantèle toutes les protections dont l’Amazonie était censée bénéficier.

Les crimes contre l’environnement sont jugés avec une indulgence complice. Quant aux pistoleros qui assassinent les petits paysans et Indiens qui s’opposent à l’avancée du déboisement, ils n’écopent que de peines de principe, quand ils sont pris.

Rien d’étonnant à ce que les déboisements atteignent 10 000 km2 sur un an, plus 30 %, et que les incendies se multiplient, accidentels ou volontaires, comme ceux qui avaient ravagé toute une partie de la forêt en août dernier. Les Indiens ont raison : Bolsonaro et sa bande sont en train d’accélérer leur extermination et la destruction de la forêt, bien entamées sous tous les gouvernements précédents.

Sa loi est celle du profit capitaliste, ouverte et sans fioriture.

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