Inde : mortelle exploitation11/12/20192019Journal/medias/journalnumero/images/2019/12/2680.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Inde : mortelle exploitation

43 ouvriers sont morts dimanche 8 décembre dans l’incendie de leurs ateliers, dans un vieux quartier de Delhi, la capitale de l’Inde. Ces travailleurs dormaient là où ils travaillaient, dans un bâtiment de quatre étages divisé en plusieurs ateliers où ils fabriquaient des jouets en plastique, des cartables d’écoliers, des vêtements.

Un court-circuit dû à une installation électrique défectueuse aurait mis le feu aux matériaux inflammables stockés dans les ateliers, surprenant les travailleurs dans leur sommeil. Le bâtiment était ancien, ne comportait qu’une seule issue, aucune sécurité incendie, aucune issue de secours, aucun escalier extérieur. Certaines fenêtres étaient même condamnées ou bloquées, réduisant encore les possibilités de fuite ou de sauvetage. De plus, les rues du quartier sont étroites et encombrées, rendant problématique l’arrivée des engins de pompiers.

L’installation a été qualifiée d’illégale. Les services municipaux l’avaient pourtant inspectée deux semaines plus tôt, mais ils n’avaient pas pu aller plus loin que le rez-de-chaussée et, visiblement, s’en étaient contentés. Cette illégalité, dont il y a des myriades d’exemples dans tous les quartiers industriels des villes du tiers-monde, n’a donc pas l’air de déranger grand monde dans les sphères du pouvoir. Et pour cause, elle est le résultat de la course au profit, activité légale, encouragée et même sanctifiée de par le monde, à Delhi comme à Paris.

Le patron, à la tête de dix immeubles-ateliers de ce type, utilisait ce bâtiment inadapté, gagnant ainsi sur les loyers, la sécurité, etc. Il permettait aux ouvriers de dormir sur place après de longues journées de travail, plutôt que de leur payer des salaires suffisants pour se loger. Peut-être même retenait-il une partie du salaire comme loyer. La plupart de ces travailleurs venaient d’une des régions les plus pauvres de l’Inde et touchaient un salaire de 150 roupies par jour, soit deux euros.

Dans ces conditions, quel est le prix de production d’un sac d’écolier vendu 20 euros en Europe occidentale ? Et combien le travail et la mort des prolétaires de Delhi rapportent-ils aux patrons assassins locaux, mais surtout aux actionnaires de Carrefour, d’Auchan, des compagnies maritimes ?

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