L’espace, enjeu militaire24/07/20192019Journal/medias/journalnumero/images/2019/07/2660.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

L’espace, enjeu militaire

Dans le prolongement de la ministre des Armées Florence Parly, qui depuis plusieurs mois communique sur la nécessité de construire une défense de l’espace, Emmanuel Macron a annoncé le 14 juillet la création d’un commandement militaire dans ce domaine, doté d’un budget de 3,6 milliards sur six ans.

En octobre 2018, le chef d’état-major de l’armée de l’air déclarait déjà : « Si nous perdons la guerre dans l’espace, nous perdons la guerre tout court. » Le fait qu’un satellite franco-italien de communication militaire aurait été approché par un appareil russe en 2017 a été invoqué pour justifier cette nouvelle étape dans la course aux armements. Espionnage, brouillage de satellites à des fins militaires ou civiles, possibilité qu’un satellite soit détruit depuis la Terre par des engins chinois ou américains, toutes les prouesses technologiques sont mises en avant pour justifier un nouveau programme et de nouveaux financements.

L’armée française, qui intervient sur plusieurs continents, utilise comme toutes les autres les moyens de communication et de renseignement rendus disponibles par les réseaux de satellites européens et bien souvent américains. Mais, dans cette course à l’utilisation militaire de l’espace, la France et même l’Europe font figure de lilliputiens face aux dépenses des États-Unis dans le domaine spatial, entre 12 et 15 milliards par an. Les États-Unis disposent de 150 satellites militaires, alors que la Chine et la Russie en possèdent 30 chacune. Depuis 2017, les mises sur orbite de satellites se sont accélérées, avec plusieurs centaines par an. On ne peut pas toujours différencier les satellites militaires de ceux destinés à des usages civils, car ils peuvent répondre aux deux objectifs. Trump, qui a annoncé la création d’une Force de l’espace d’ici à 2020, se place dans la continuité de la politique d’Obama pour affirmer que les États-Unis resteront la première puissance militaire de l’espace. Mais la France, même loin derrière, ne veut pas être en reste.

Il en va de la course à l’espace comme de l’armement nucléaire : l’impérialisme français y tient pour rappeler qu’il est là et qu’il veut avoir sa place parmi les grandes puissances. Et surtout la bourgeoisie française tient aux financements qui découlent de cette politique, que jamais, au grand jamais, elle n’accuse de créer inutilement de la dette. Macron, Parly et le gouvernement sont là pour l’assurer qu’ils continueront à engloutir « un pognon de dingue » dans le domaine militaire, quitte à le faire au détriment de tout ce qui serait utile et indispensable à la vie de la population.

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