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RDC : l’épidémie d’Ebola progresse sur fond de chaos
L’épidémie d’Ebola qui touche l’est de la République démocratique du Congo (RDC) depuis août 2018 a déjà fait 1 700 morts. Un patient est récemment décédé à Goma, ville de plus d’un million d’habitants à la frontière du Rwanda, ce qui fait craindre une propagation très rapide.
Cette fièvre hémorragique est extrêmement redoutée du fait de son taux de décès très élevé (60 % pour l’épidémie actuelle) et de sa rapidité à provoquer la mort des patients infectés, en quelques jours. Cette épidémie est la dixième depuis la découverte de la maladie en 1976, et déjà la deuxième plus meurtrière.
La RDC fait face à une prolifération de maladies endémiques : paludisme, choléra, rougeole. Toutes font des centaines de milliers de morts, alors que des traitements existent. Ebola est un exemple de plus de ces maladies de la misère : comme elle n’a pour le moment touché que des régions pauvres d’Afrique, la recherche médicale a été très lente. Il n’y a pas de traitement après infection. Il existe néanmoins un vaccin expérimental, depuis 2016, et une campagne de vaccination est en cours, menée par des ONG et par l’Organisation mondiale de la santé, qui a déclaré l’état d’urgence sanitaire.
Mais les difficultés ne sont pas simplement médicales. L’est du Congo est une région qui regorge de minerais, dont le coltan, qui est essentiel dans la fabrication de composants électroniques, notamment pour les téléphones portables. L’exploitation de ces richesses attire les groupes armés. L’ONG Congo Research Group en a recensé plus de 130 dans la seule région du Kivu en 2018. Ils cherchent à contrôler les mines ou les routes pour se mettre au service du plus offrant, c’est-à-dire finalement des trusts miniers. La France a une responsabilité particulière, car c’est elle qui a exfiltré les miliciens génocidaires rwandais en 1994 vers le Kivu, où ils ont ensuite constitué une partie des bandes armées qui sévissent actuellement.
La lutte contre l’épidémie d’Ebola nécessite l’acheminement du vaccin réfrigéré à moins 60 degrés, l’installation de dispensaires, et met en jeu de l’argent de la part des organismes de santé. Or certaines des bandes armées y voient l’opportunité de prélever leur dîme, en se proposant comme organes de maintien de l’ordre, comme elles le font pour les minerais. La plupart des équipes médicales se mettent sous la protection de l’armée gouvernementale, mais celle-ci ne vaut souvent guère mieux que les milices. La population elle-même se méfie autant des unes que de l’autre. Et la méfiance vis-à-vis des autorités gouvernementales est telle qu’une partie refuse de se faire vacciner, par peur qu’il ne s’agisse d’une fausse campagne qui aurait en réalité pour but d’inoculer le virus. Non seulement l’acheminement des vaccins est très difficile, mais la campagne de soins renforce les rivalités et les tensions militaires. Plusieurs centres de santé ont été attaqués depuis le début de l’épidémie.
Les responsables d’ONG craignent que la campagne anti-Ebola aille trop lentement pour endiguer l’épidémie, ce qui pourrait conduire à un désastre.
L’impérialisme n’est pas responsable du virus. Mais c’est bien lui qui a créé toutes les conditions pour sa propagation.