Victimes du paludisme et du capitalisme24/07/20192019Journal/medias/journalnumero/images/2019/07/2660.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Victimes du paludisme et du capitalisme

Nos camarades de l’Union africaine des travailleurs communistes internationalistes (UATCI-UCI) décrivent dans leur journal, Le pouvoir au travailleurs, les ravages du paludisme en Afrique.

Depuis quelques années, les scientifiques constatent une recrudescence du paludisme dans plusieurs pays d’Afrique. Face à cette situation, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) annonce que des tests d’un vaccin vont être lancés à grande échelle au Malawi, au Kenya et au Ghana, trois pays dans lesquels cette maladie fait d’énormes ravages sur la population. Ce vaccin, mis au point depuis 1987, a une action limitée, puisque les essais cliniques réalisés à petite échelle n’ont prouvé qu’une efficacité de 30 à 40 % des cas.

Malgré ces résultats modestes, ce vaccin pourrait constituer un petit espoir pour ceux qui souffrent de cette maladie. Selon les chiffres officiels des organismes liés à l’ONU, chaque année 250 000 enfants de moins de 5 ans succombent à cette maladie.

D’autres sources d’estimation ont permis à des chercheurs d’avancer le chiffre hallucinant de 429 000 décès causés par le paludisme (adultes compris), rien que dans les pays du Sahel en 2015. Face à cette maladie, et à cause des difficultés liées à la pauvreté, les populations ainsi que de nombreux bénévoles plus ou moins spécialisés se mobilisent pour trouver des solutions du côté de la médecine traditionnelle, c’est-à-dire la pharmacopée.

Au Tchad, des « maisons de l’artemesia », du nom d’une plante connue pour ses vertus antipaludéennes, prolifèrent. Elles vendent des tisanes et autres décoctions à des prix plus bas que celui des médicaments en pharmacie. Quelquefois la crise de palu passe, avec ces remèdes approximatifs. Mais de nombreuses fois on s’empoisonne, car les effets secondaires des potions ne sont pas du tout contrôlés. Tout cela est pratiqué en l’absence d’examens médicaux, d’analyses de sang et au vu et au su des autorités médicales. Le gouvernement ferme les yeux sur ces pratiques, car il ne délivre à la santé publique qu’une partie infime de son budget. Une grande partie des recettes de l’État est consacrée à l’achat d’armements. Et puis il y a les détournements de fonds du président et de son clan.

À Madagascar, l’artemesia est cultivée pour être vendue séchée à des intermédiaires, qui la collectent pour le compte de firmes pharmaceutiques internationales. Le trust Novartis par exemple, mais aussi bien d’autres, commercialise, là comme ailleurs, des médicaments utilisant une molécule extraite de cette plante, mais bien peu de gens ont les moyens de se les procurer en pharmacie.

Lors de la dernière saison des pluies, qui est en même temps la saison des eaux stagnantes dans lesquelles se développent les larves des moustiques vecteurs de paludisme, les égouts à ciel ouvert et les conduites d’eau pluviale ont encore débordé. Comme les villes grandissent très vite en ces périodes de crise économique, une grande partie de la population a vécu très longtemps en zone inondée infestée d’insectes parasites et de microbes de toutes sortes. Des monceaux d’ordures sont restés sur place jusqu’à maintenant, autour des bennes rarement vidées par les compagnies privées censées le faire. Comment s’étonner dans ce cas que toutes sortes de maladies se développent ? Une forme grave de paludisme, que l’on croyait en sommeil, est actuellement de retour : elle est connue par les gens du pays sous le nom de bemangovotra. Les personnes qui l’attrapent ne peuvent s’en sortir qu’avec des soins intensifs, qui pour la plupart sont hors de leur portée. Les victimes, pour l’immense majorité des gens du peuple, périssent en grand nombre. Là aussi, on est réduit à recourir aux tradipraticiens et à la « médecine par terre », même lorsqu’on a un emploi. Dans la plupart des cas, les salaires des travailleurs, y compris ceux des zones industrielles, ne leur permettent pas de se soigner convenablement.

C’est pourquoi on peut affirmer que, en Afrique comme ailleurs, les gens ne meurent pas qu’à cause des microbes. Ils meurent aussi à cause du système capitaliste.

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