Titres de séjour : la dématérialisation ajoute aux difficultés05/06/20192019Journal/medias/journalnumero/images/2019/06/LO2653.jpg.445x577_q85_box-0%2C23%2C483%2C649_crop_detail.jpg

Leur société

Titres de séjour : la dématérialisation ajoute aux difficultés

Depuis 2012, la dématérialisation des prises de rendez-vous en vue de l’obtention d’un titre de séjour se généralise dans toutes les préfectures. Trente d’entre elles, dont celle de Bobigny, ont maintenant recours à ce procédé.

Afin d’obtenir leur carte de séjour, indispensable pour ne pas perdre son travail ou, pire, devenir sans-papier, les résidents étrangers doivent donc maintenant faire leurs démarches sur Internet. Présentée comme un progrès pour mettre fin aux files d’attente interminables devant les préfectures, la dématérialisation est devenue un vrai casse-tête pour nombre d’immigrés. C’est encore plus vrai pour tous ceux qui demandent pour la première fois un titre de séjour.

La plupart, dans une situation très précaire, n’ont pas accès à un ordinateur. Alors, quand les préfectures suppriment des postes dans le traitement des dossiers des résidents étrangers, demander un rendez-vous pour un titre de séjour relève du parcours du combattant. Certaines plateformes ne sont ouvertes que dans la nuit du dimanche à lundi et les files d’attente sur Internet ont remplacé celles devant les préfectures. Le nombre de rendez-vous étant limité, le site bloque dès que le quota est atteint, et cela va très vite. À Bobigny par exemple, le site n’est ouvert que quelques minutes par semaine. Des travailleurs étrangers prennent ainsi quelquefois leur journée pour tenter de prendre rendez-vous, en vain. Cela peut durer des mois.

De surcroît, tout un trafic s’est mis en place sur cette pénurie de rendez-vous. Des petits malins ont conçu des moteurs de recherche qui vérifient les créneaux libres et les préemptent. Ils proposent alors aux immigrés des rendez-vous contre argent. Pour un renouvellement, c’est 15 euros en moyenne, pour un premier rendez-vous, cela peut aller jusqu’à 200 euros. Des immigrés désespérés, qui attendent depuis six mois un renouvellement de titre, peuvent ainsi espérer avoir un rendez-vous en quelques jours.

Le gouvernement est au courant de ces pratiques mafieuses et n’intervient pas. Pour mettre fin au trafic, il faudrait en effet embaucher du monde pour traiter les dossiers. Malgré les dénonciations des différentes associations de défense des travailleurs immigrés et même l’avertissement du défenseur des droits, Jacques Toubon, il laisse ces trafics prospérer.

Des associations s’organisent pour protester. La Coordination des sans-papiers appelle par exemple à manifester samedi 15 juin à Saint-Denis à 14 heures devant la gare.

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