Revenu universel d’activité : la pauvreté n’est pas une maladie05/06/20192019Journal/medias/journalnumero/images/2019/06/LO2653.jpg.445x577_q85_box-0%2C23%2C483%2C649_crop_detail.jpg

Leur société

Revenu universel d’activité : la pauvreté n’est pas une maladie

La ministre de la Santé Agnès Buzyn, accompagnée de ses collègues ayant peu ou prou à connaître du domaine social, a lancé le 3 juin la concertation sur le Revenu universel d’activité (RUA). Ce dispositif devrait voir le jour en 2023 et fondre en une seule allocation les aides aux plus démunis existant aujourd’hui,

Macron en avait fait l’annonce dès sa campagne électorale. Le candidat constatait alors, comme tout le monde, que l’empilement des diverses lois, des nombreux règlements, des bureaux variés, la diversité des situations, font que des millions de gens ne savent pas à quoi ils ont droit. Ainsi, 30 % de ceux qui pourraient toucher le RSA ne le demandent pas. Et de promettre une simplification qui permettrait de s’y retrouver. C’était certainement moins urgent que de diminuer les impôts des milliardaires, de continuer à démolir les droits ouvriers et de subventionner les groupes capitalistes et toutes les autres mesures déjà prises, puisqu’il aura fallu deux ans pour en reparler.

La promesse de Macron et les discours de lancement de ses ministres et sous-ministres sont d’ailleurs nimbés de l’habituel mépris pour les classes laborieuses. Il faut, disent-ils, rendre les allocations plus « incitatives à la reprise d’activité ». L’ensemble du dispositif s’intitule « stratégie nationale de prévention et de lutte contre la pauvreté », comme si celle-ci était une maladie que des gens insouciants, paresseux ou négligents attrapaient au coin d’une rue.

Au vu de la politique générale de ce gouvernement, entièrement dévoué aux groupes capitalistes, on peut douter de l’honnêteté de ses ministres sociaux. Il y a de fortes chances pour que le but recherché par l’ensemble du dispositif du RUA, comme tous ceux dont ont accouché les gouvernements depuis des lustres, soit de diminuer le montant global des allocations et des aides allant vers les plus pauvres, et d’augmenter ainsi la pression à la baisse sur les salaires.

Même si, par miracle, une réforme administrative améliorait le sort de quelques allocataires, cela ne serait qu’une goutte d’eau dans l’océan de pauvreté, d’injustice, de délabrement social, qui monte chaque jour. Et la vraie question n’est pas de soulager la pauvreté, mais de détruire le système qui l’engendre.

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