Saint-Louis Sucre : une note salée pour les travailleurs et les planteurs20/02/20192019Journal/medias/journalnumero/images/2019/02/2638.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Saint-Louis Sucre : une note salée pour les travailleurs et les planteurs

La direction de Saint-Louis Sucre a annoncé jeudi 14 février la fermeture de deux sucreries, l’une à Cagny dans le Calvados et la seconde à Eppeville dans la Somme, ainsi que la fermeture d’un site de conditionnement à Marseille pour 2020.

La sucrerie de Cagny emploie 85 permanents et 70 saisonniers, celle d’Eppeville, 132 permanents, 75 saisonniers, sans compter les salariés des entreprises extérieures. L’unité de Marseille passerait de 58 salariés à 5. Le 1er février, le groupe Südzucker, premier groupe sucrier européen, dont Saint-Louis Sucre est une filiale, avait annoncé la fermeture de deux sucreries en Allemagne.

Depuis la fin des quotas de production et des prix garantis en Europe, en octobre 2017, les groupes sucriers font face à une surproduction qu’ils ont eux-mêmes favorisée en incitant les agriculteurs à augmenter les surfaces destinées à la production de betteraves. La production est passée de 17 millions de tonnes de betteraves à 21 millions en Europe.

Ces groupes qui contrôlent le marché s’appuyaient sur des perspectives d’exportation puisque, en octobre 2017, s’ouvrait aussi la possibilité d’exporter librement d’Europe vers le reste du monde. En France d’ailleurs, plus de la moitié de la production est exportée, alors que d’autres zones du monde sont elles aussi de très gros producteurs de sucre comme le Brésil, l’Inde ou la Thaïlande.

La mise en concurrence à l’échelle mondiale est alimentée par ces groupes européens eux-mêmes. Ce ne sont pas des paysans ou des ouvriers de différents pays qui s’opposent, ce sont des capitalistes pour qui le sucre est une source de profit. Par exemple le groupe français Téréos est présent dans 17 pays et il est le troisième producteur du Brésil.

À l’issue de ces batailles habituelles du système capitaliste, le nombre de groupes sucriers en Europe et dans le monde sera réduit mais ceux qui resteront sur le marché comptent bien que leurs profits soient maintenus ou progressent.

Ce jeu de Monopoly se fait avec la peau des planteurs et des travailleurs. L’annonce de la fermeture de deux sucreries en France concerne 2 500 planteurs et plusieurs centaines de travailleurs.

Ces restructurations vont laisser sur le carreau, non seulement au minimum une centaine de salariés de Saint-Louis Sucre, mais aussi des dizaines de saisonniers employés quatre mois chaque année, de nombreux chauffeurs qui livraient les betteraves, des salariés des entreprises sous-traitantes qui intervenaient sur ces sites. Pour de petites villes comme Eppeville ou Cagny, c’est une catastrophe sociale.

Ces guerres commerciales et industrielles qui sont le propre du capitalisme provoquent des gâchis humains, matériels inacceptables, simplement parce que les dirigeants de ces groupes considèrent le personnel et les agriculteurs comme la variable d’ajustement qui doit payer les conséquences de leurs choix. Il n’y a pas à l’accepter.

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