Leur société

Parti socialiste : on ne portera pas son deuil

Emmanuel Maurel et Marie-Noëlle Lienemann, présentés comme les leaders de l’aile gauche du PS, l’ont quitté pour se ranger sous la bannière de Jean-Luc Mélenchon. Ce dernier, après les avoir assurés cet été de son affection, leur a maintenant garanti une place sur sa liste aux élections européennes, argument convaincant s’il en est.

Ces départs sont une nouvelle étape dans la décomposition du PS suite à la déroute électorale de 2017. Le dernier passage aux affaires du Parti socialiste, sous François Hollande entre 2012 et 2017, a eu de quoi dégoûter son électorat populaire. Devant la débâcle prévisible, certains de ses caciques se sont attelés à la fabrication de Macron, d’autres s’y sont ralliés avant ou après sa victoire. Mais tous n’ont pas pu ou pas voulu se reconvertir à temps et une bonne partie de l’appareil du PS, élus et salariés, est désormais contrainte de se poser la question de sa survie.

Si ces élus sans électeurs veulent une place et un avenir dans un appareil politique de gauche, ils se demandent lequel. Olivier Faure, actuel premier secrétaire, pense qu’il suffit d’attendre que la politique de Macron ramène vers le PS ses électeurs traditionnels et se garde donc de toute prise de position politique. Maurel et Lienemann penchent vers le parti de Mélenchon et entonnent avec lui le couplet tricolore, les fausses références au passé du mouvement ouvrier et la révérence à l’homme providentiel. Hamon, lui, mise sur le cheval écologiste et tente une alliance avec les verts historiques.

Pour juger des projets d’avenir de ces différentes coteries politiques, il suffit de regarder leur passé commun. Tous, qu’ils aient quitté le navire ou qu’ils y soient encore, se revendiquent de Mitterrand. Tous, quels que soient leurs discours, honorent ainsi un politicien qui quatorze ans durant a offert toute satisfaction au grand patronat, sous le règne duquel furent initiés les premières attaques contre les retraites, la Sécurité sociale et les services publics, qui sanctifia les premières vagues de licenciements dans la grande industrie et fit réprimer les travailleurs qui protestaient et qui, cela va de soi, continua la politique étrangère traditionnelle de l’impérialisme français.

Le PS, ancien parti ouvrier passé au service de la bourgeoisie depuis plus d’un siècle, est déjà revenu à plusieurs reprises d’entre les morts politiques. C’est pourquoi il serait présomptueux d’affirmer que l’agonie d’aujourd’hui lui sera fatale. Quoi qu’il en soit, les travailleurs n’avaient aucune raison de pleurer à ses funérailles, ils n’en auraient pas non plus de se réjouir à sa renaissance.

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