Fruehauf – Auxerre : les semi-remorques se mettent en mouvement17/10/20182018Journal/medias/journalnumero/images/2018/10/2620.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Fruehauf – Auxerre : les semi-remorques se mettent en mouvement

Mardi 9 octobre, les ouvriers de l’usine Fruehauf d’Auxerre se sont mis en grève pour exiger une augmentation de salaire. Ils ont occupé le site jusqu’au lendemain en fin de matinée.

L’usine Fruehauf produit des semi-remorques et emploie environ 700 personnes dont 300 intérimaires, dont la plupart sont des ouvriers qualifiés en soudure, chaudronnerie et autres métiers de la métallurgie. Rachetée il y a trois ans par le groupe polonais Wielton, l’usine est en pleine restructuration depuis fin 2017 pour transformer une partie de la production en travail à la chaîne. La grève arrive après trois semaines de tensions dans l’usine.

Un premier débrayage, spontané, avait eu lieu jeudi 20 septembre, dans la matinée. Environ la moitié des ouvriers s’était rassemblée devant les bureaux de la direction pour exiger une augmentation des salaires, insuffisants et souvent de l’ordre du smic. De plus les ouvriers doivent travailler avec un matériel vétuste et dangereux, au point que certains viennent avec leurs propres outils. Pourtant, depuis fin 2017, la direction a investi 16 millions d’euros pour acheter des robots, dont chacun sait qu’ils ne simplifieront pas la tâche des ouvriers, au contraire.

L’annonce mi-septembre que la direction polonaise rachetait un constructeur anglais pour 26 millions d’euros, dont 8 venaient des fonds de trésorerie de Fruehauf, est très mal passée, au point de provoquer la réaction spontanée du 20 septembre. Lors des négociations, le syndicat a demandé une augmentation de 60 euros net par mois. Devant le refus de la direction, il a décidé de lancer une grève avec blocage de l’usine.

Débutée mardi 9 octobre à 10 heures, cette action a été très suivie par les ouvriers, en rassemblant dès le début plus d’une centaine, rapidement davantage. Ils sont d’abord allés manifester dans les bureaux, puis sont allés faire le tour de l’atelier pour appeler ceux qui travaillaient encore à venir faire grève eux aussi, le laissant quasiment vide, car presque tout le monde était en grève :

La direction a fait une nouvelle proposition : augmentation immédiate de 22,5 euros et nouvelle augmentation de 22,5 euros l’année prochaine, à condition de ne pas négocier d’augmentation pour les NAO. Elle a été rejetée à la quasi-unanimité par les grévistes qui se sont alors organisés pour se relayer sur le blocage. Durant la nuit, plusieurs ouvriers sont restés, certains revenaient après être sortis, tandis que les collègues de nuit arrivaient. Environ 80 ouvriers sont restés sur le site pour le bloquer, dans une ambiance chaleureuse.

C’est la première grève de l’usine depuis 2011, la première tout court pour beaucoup d’ouvriers, fiers de la faire et de pouvoir se déplacer librement dans l’usine sans chefs sur le dos – si ce n’est ceux qui faisaient grève eux aussi ! Des intérimaires ont montré leur solidarité en venant sur le piquet de grève, bien qu’ils ne soient pas concernés par l’augmentation. C’était l’occasion pour les grévistes de discuter entre eux de leur salaire et de constater les écarts, tout en trouvant que personne ne touchait assez.

Le lendemain, de nouvelles négociations ont eu lieu, à l’issue desquelles la direction rajoutait les augmentations générales aux 45 euros déjà obtenus. La CGT proposait alors aux grévistes présents la reprise du travail à 13 heures, sans que cela suffise pour remplir les ateliers l’après-midi…

L’usine Fruehauf d’Auxerre n’a pas produit beaucoup de semi-remorques cette semaine-là. Pour un certain nombre d’entre eux, les ouvriers auraient certainement été prêts à poursuivre leur grève quelques jours de plus.

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