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- Lutte ouvrière n°2969
- Moyen-Orient : l’impérialisme américain impose sa loi
Article du journal
Moyen-Orient
l’impérialisme américain impose sa loi
En bombardant trois ensembles d’installations nucléaires, les États-Unis ont voulu faire une démonstration de leurs capacités militaires et de leur détermination à soumettre tous les États du Moyen-Orient.
Le récit selon lequel l’attaque israélienne contre l’Iran était une initiative de Netanyahou, qui n’aurait fait « qu’informer » Trump, n’aura pas tenu. La guerre déclenchée le 13 juin est bien une guerre de l’impérialisme le plus puissant du monde pour affaiblir, sinon soumettre, le régime des Ayatollahs. Préparée entre les états-majors militaires américains et israéliens, elle fait suite aux bouleversements engendrés au Moyen-Orient par les guerres israéliennes depuis le 7 octobre 2023.
La république islamique a été affaiblie par les coups successifs portés à ses alliés régionaux : la traque du Hamas palestinien, la décapitation du Hezbollah libanais, la chute du régime syrien de Bachar el Assad, les frappes contre les Houthis du Yémen, précédées par les raids israéliens contre l’Iran, en avril puis juillet 2024. Au-delà de la personnalité et des calculs politiques respectifs de Netanyahou et de Trump, les dirigeants de l’appareil d’État américain, en particulier ceux de l’armée, y ont vu l’opportunité de frapper un régime qui ne leur est pas assez soumis.
Au prix de milliers de morts supplémentaires et de lourdes destructions, au risque d’aggraver le chaos de cette région ravagée depuis des décennies par leurs interventions précédentes, au risque de réchauffer tous les points chauds dans le monde, les dirigeants impérialistes ont décidé de « redessiner la carte du Moyen-Orient », selon l’expression fanfaronne de Netanyahou. Pour l’heure, ils semblent y parvenir sans rencontrer d’obstacles, ni du côté des peuples, ni du côté des États.
Il est notable que la Russie et la Chine, deux pays alliés de l’Iran, qui maintiennent des relations commerciales et diplomatiques avec lui malgré l’embargo américain, se contentent de condamnations verbales. D’ailleurs, pendant que Trump et Netanyahou frappent l’Iran, Poutine intensifie ses attaques contre l’Ukraine. Quant à la Chine, elle n’est pas en situation de contester, par les armes, la suprématie que l’impérialisme américain entend réaffirmer au Moyen-Orient et elle reste sur une position globalement défensive face à l’agressivité des États-Unis.
L’un des objectifs des bombardements américains en Iran est précisément de montrer au monde entier, et notamment à la Chine, les capacités de l’armée états-unienne. En décrivant par le menu le périple des avions furtifs B2 et les caractéristiques de la bombe GBU-57 avec ses 13 tonnes d’explosif, le général américain Dan Cain voulait envoyer au monde entier le message suivant : « Voilà de quoi nous sommes capables ! »
Les dirigeants des États-Unis et d’Israël, tout à leurs vantardises, n’hésitent pas à dire qu’ils vont maintenant pouvoir remodeler le Moyen-Orient à leur guise, voire y instaurer démocratie et prospérité. Ils ne croient sans doute pas eux- mêmes à leurs propres discours. Au fond, leur seule politique, de Gaza au Liban et à l’Iran, consiste à écraser les peuples sous des tonnes de bombes et à détruire leurs moyens de vivre, sans le moindre projet pour la suite. On en a vu le résultat en Irak, en Libye, en Syrie, où le chaos a suivi leurs interventions. L’ordre que voudrait instaurer l’impérialisme est un ordre colonial de la pire espèce
Ni à Gaza ni en Iran, cette politique du gros bâton n’engendrera une paix durable et la stabilité. En Irak et en Syrie, elle a favorisé l’émergence des seigneurs de guerre et les tendances les plus réactionnaires, comme Daesh, ainsi que de véritables guerres civiles. C’est d’ailleurs sans doute la crainte d’une évolution du même genre qui rend aujourd’hui Trump plus prudent à l’égard du régime iranien, qu’il a assuré ne pas vouloir abattre. Mais en compagnie de Netanyahou il ne fera à terme qu’allumer de nouvelles révoltes qui rendront le Moyen-Orient encore plus incontrôlable.