Mali : la loi des bandes armées12/11/20252025Journal/medias/journalnumero/images/2025/11/une_2989-c.jpg.445x577_q85_box-0%2C7%2C1262%2C1644_crop_detail.jpg

Dans le monde

Mali

la loi des bandes armées

Au Mali, depuis deux mois, les djihadistes du JNIM, affiliés à al- Qaïda, attaquent systématiquement les convois de camions citernes approvisionnant en essence les principales villes du pays et les soumettent à un véritable blocus. Après la province, c’est la capitale Bamako qui est ainsi privée de carburant depuis début octobre.

Ce blocus a de lourdes conséquences sur la vie des habitants. L’essence se vend au marché noir à des prix prohibitifs. Le prix des transports a doublé, qu’il s’agisse de transports collectifs ou de motos-taxis, à tel point que de nombreux habitants renoncent à se déplacer. Toute l’économie en est désorganisée. Les entreprises et les services publics ne fonctionnent plus, les écoles ont fermé pendant deux semaines à Bamako faute d’enseignants et d’élèves. Dans l’ensemble du pays, ce sont 2 000 écoles sur un total de 9 000 qui n’accueillent plus les élèves. Seuls quelques rares convois de camions citernes protégés par l’armée parviennent à déjouer de temps en temps le blocus. Les chauffeurs routiers, pour leur part, ont été parmi les premières victimes, tués ou enlevés par le JNIM.

Partout dans le pays, la population est prise en étau entre l’armée malienne et les djihadistes. Ainsi le 2 octobre dernier 28 personnes ont été exécutées par l’armée dans la région de Ségou, égorgées ou tuées par balles alors qu’elles s’enfuyaient. Dans cette région où les djihadistes font régner leur loi dans de nombreux villages, l’armée malienne procède régulièrement à des opérations dont les principales victimes sont les habitants. Beaucoup sont morts sur la route simplement en se rendant au marché.

En 2022, la population, exaspérée par la présence des soldats français dont le seul souci était de soutenir un régime corrompu inféodé à Paris, avait salué avec enthousiasme l’arrivée au pouvoir d’une junte militaire. Les militaires français une fois chassés, les mercenaires russes de Wagner avaient pris leur place. La Cedeao, regroupant les États voisins, avait alors fermé ses frontières avec le Mali à l’instigation des dirigeants français. Le principal résultat, outre des difficultés supplémentaires pour la population, avait été d’inciter les militaires du Burkina-Faso et du Niger voisins à suivre l’exemple malien et à se débarrasser de la mainmise française.

Trois ans plus tard, la population reste prise en étau entre l’armée malienne et les groupes djihadistes, qui rivalisent de sauvagerie à son encontre. Les mercenaires russes de Wagner, renommé Africa Corps, ne se soucient pas plus de protéger la population que ne le faisaient les Français de l’opération Barkhane. La même corruption règne toujours à la tête de l’État, la même brutalité de l’armée et des forces de répression. Les deux bandes armées attisent les oppositions ethniques et font régner la terreur. Quant à la misère dans laquelle vit la population, elle est le fruit de la domination impérialiste sur le continent et le passage des dirigeants du pays d’un protecteur militaire à un autre ne peut y changer quoi que ce soit.

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