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Leur société
Découverts bancaires
mesure anti-pauvres
En septembre 2025, le gouvernement français a pris une ordonnance qui prévoit d’ici un an une nouvelle réglementation pour le fonctionnement des découverts bancaires.
Les découverts de moins d’un mois et inférieurs à 200 euros ne seront plus automatiquement autorisés comme c’est le cas aujourd’hui.
À partir du 20 novembre 2026, les banques devront vérifier la « solvabilité » de leurs clients avant d’autoriser ces découverts qui seront considérés comme des crédits à la consommation et traités comme tels. Selon l’UFC-Que Choisir, presque la moitié de la population se retrouve à découvert au moins une fois par an, pour surmonter les fins de mois difficiles. C’est pourquoi cette annonce a fait l’effet d’une bombe. Chacun comprend bien que cette mesure va pénaliser les plus pauvres.
Mais, bien entendu, ceux qui ont cette idée l’ont recouverte d’un discours hypocrite. Ce serait pour combattre le surendettement que le Conseil européen, qui réunit les chefs d’État ou de gouvernement des États membres de l’Union européenne (UE), a décidé cette directive en 2023. À l’époque aucun responsable n’a crié au scandale. Mais aujourd’hui, les politiciens de tous bords répondent à l’inquiétude légitime de la population en incriminant l’UE comme si le mal venait d’ailleurs !
« Alerte ! Être à découvert sera bientôt interdit ! […] Cette privation a été imposée par l’Europe » écrit Jean-Luc Mélenchon. « L’Union européenne ne trouve rien de mieux à faire que d’interdire les découverts bancaires automatiques », déclare Laurent Wauquiez. Quant au RN, il dénonce « l’ingérence de l’UE ».
Seulement voilà, cette directive a été approuvée au Parlement européen avec la très grande majorité des voix des eurodéputés français. Manon Aubry de LFI, François-Xavier Bellamy des LR et Jordan Bardella pour le RN ont tous voté pour ce texte. Car, en dehors des feux des projecteurs, ils ne voyaient aucun problème à laisser les banques resserrer leurs griffes sur les plus pauvres. Et c’est bien aussi le Parlement français qui a voté l’ordonnance faisant entrer cette directive en vigueur.
Malgré cette ordonnance, il n’est pas dit que les banques iront jusqu’à refuser des découverts. Elles n’ont pas d’intérêt à le faire tant les frais qui en découlent, les agios, leur rapportent. Actuellement, les agios représenteraient pour les banques 6 milliards d’euros de recettes annuelles. C’est-à-dire qu’elles profitent de la faiblesse des salaires pour voler des sommes énormes à leurs clients les plus en difficulté. La nouvelle réglementation pourrait être l’occasion d’accroître encore leur butin.
Pendant que l’ensemble des capitalistes font pression sur les salaires du monde du travail, les requins de la finance inventent de nouveaux moyens de s’enrichir sur la pauvreté, qui gagne toujours plus de terrain.