Brandt – Saint-Jean-de-la-Ruelle : 350 emplois menacés29/10/20252025Journal/medias/journalarticle/images/2025/10/P14-1_Brandt_st_jean_de_la_ruelle_28102025_C_LO.jpg.420x236_q85_box-0%2C0%2C799%2C450_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Brandt – Saint-Jean-de-la-Ruelle

350 emplois menacés

Les 350 travailleurs de l’usine Brandt de Saint-Jean-de-la-Ruelle, près d’Orléans, ont appris début octobre que leur entreprise, qui fabrique des fours et des tables à induction, était placée en redressement judiciaire.

Illustration - 350 emplois menacés

Le salaire de septembre a été versé avec une semaine de retard et, depuis, la direction a imposé aux travailleurs de la production de prendre quatre jours de RTT fin octobre, arguant de problèmes de réception de pièces. Ce n’est pas la première fois qu’elle invoque cette raison pour renvoyer du jour au lendemain les travailleurs chez eux. Ils ont droit aussi « à la faute des prestataires qui ne payent pas à temps. » Tous les prétextes sont bons pour dédouaner Brandt, mais surtout pour faire croire que direction et travailleurs sont dans le même bateau.

En janvier 2025, lors des cent ans de Brandt fêtés en grande pompe par la direction de Saint-Jean-de-la-Ruelle, les travailleurs avaient eu droit à de beaux discours d’autosatisfaction venant de dirigeants du groupe et aussi de politiciens de droite comme de gauche, en visite ce jour là à l’usine. Tous vantaient les mérites des investisseurs et des dirigeants. « On a sauvé Brandt », tel était le discours partagé entre le président socialiste de la Région, le maire d’Orléans Grouard, Montebourg, Hollande et d’autres.

Et voilà que dix mois après, le groupe d’électroménager a déclaré « traverser une période financière difficile et manquer de liquidités au point de ne pas pouvoir verser les salaires de septembre ». C’est précisément pour cette raison qu’il a demandé le 1er octobre son placement en redressement judiciaire devant le tribunal des affaires économiques de Nanterre.

Le groupe emploie 750 personnes en France et compte deux usines de production : une à Saint-Jean-de-la-Ruelle et l’autre à Vendôme, dans le Loir-et-Cher. En 1982, Thomson-Brandt et Thomson-CSF avaient été nationalisées par le gouvernement de Pierre Mauroy avant d’être revendues en 1992 à El.Fi, filiale du groupe italien Elettro Finanziaria S.p.A. Puis l’entreprise, après avoir changé de nom et de propriétaires de nombreuses fois entre 1992 et 2005, avant d’être nommée FagorBrandt, filiale française du groupe Fagor. C’est le même FagorBrandt, employant 1800 salariés, que l’on a vu annoncer son dépôt de bilan en novembre 2013, être mis en liquidation judiciaire en avril 2014 et cédé au conglomérat Cevital, le premier groupe privé algérien.

Comme à chacun des nombreux changements de propriétaire qu’a connus l’usine, ses dirigeants versent des larmes de crocodile sur leurs difficultés financières. Bien sûr, les travailleurs n’ont eu aucune voix au chapitre. Mais ce sont eux qui payent par les suppressions d’emploi, les licenciements d’intérimaires largement utilisés pendant de nombreuses périodes, voire par les menaces d’arrêt de production et de non-paiement des salaires.

Comment accepter que des milliers de travailleurs puissent être achetés et revendus comme de vulgaires marchandises ?

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