Ni chair à canons, ni chair à patrons !24/03/20252025Éditorial/medias/editorial/images/2025/03/Screenshot_2025-03-24-18-24-57-347_com.android.chrome-edit.jpg.420x236_q85_box-11%2C0%2C905%2C503_crop_detail.jpg

Editorial

Ni chair à canons, ni chair à patrons !

Illustration - Ni chair à canons, ni chair à patrons !

Macron et le gouvernement se sont mis sur le pied de guerre. La semaine dernière, ils ont rassemblé industriels de l’armement, banquiers et investisseurs pour organiser l’augmentation de la production de poudre, de canons, de missiles, de chars, d’avions de chasse, de drones... 

Le gouvernement disait impossible de trouver 20 milliards pour les retraites. Eh bien, il veut en trouver 50 pour porter le budget militaire à 100 milliards par an, après l’avoir déjà doublé depuis 2017 ! 

 D’après les calculs du ministre des Armées, Lecornu, il faudrait 20 à 30 Rafale supplémentaires, trois frégates de plus, des drones de toutes sortes et doubler la réserve militaire pour la faire passer de 44 500 soldats à 100 000. 

À l’échelle de l’Union européenne, Ursula von der Leyen projette jusqu’à 800 milliards de dépenses militaires. Le nouveau chancelier allemand a fait entériner par son Parlement un plan « bazooka » autorisant des centaines de milliards d’euros de dépenses pour l’armée. 

C’est une gigantesque manne pour tous les marchands d’armes, « une décennie de croissance et peut-être plus » comme l’explique le PDG de Thales qui produit des systèmes de radars, notamment pour le Rafale. 

De nombreux économistes se félicitent déjà de la relance économique engendrée par la course à l’armement. Et oui, ce sera un nouveau bond pour les actions et les profits des Dassault et des Thales ! Mais pour les travailleurs du secteur, ce sera surtout la relance de la pression et de l’exploitation. Et s’il y a des usines agrandies et des emplois créés ici et là, il n’y a sûrement pas à s’en réjouir, car la relance de l’industrie militaire est une nouvelle étape dans la marche à la guerre. 

Si la guerre éclate, les parents auront du travail, mais leurs enfants, eux, seront envoyés au combat, comme c’est le cas en Ukraine et en Russie. Et en première ligne, il y aura, comme toujours, les enfants de la classe ouvrière. Déjà aujourd'hui, l’armée recrute à tour de bras. Et qui s’engage sinon les jeunes des classes populaires qui en ont marre de galérer de petit boulot en petit boulot ? 

Cette préparation à la guerre est absolument contraire aux intérêts des travailleurs. Et il ne faut pas marcher dans cet embrigadement. 

Le gouvernement ne prépare pas « la défense du pays », comme il tente de le faire croire. S’il s’agissait de cela, pourquoi se doter de frégates qui « assurent une présence navale solide sur plusieurs fronts stratégiques, de la mer Rouge à l'Indopacifique, en passant par la Baltique et la Méditerranée », comme le dit Lecornu ?

Le gouvernement et les généraux se préparent à une guerre bien plus vaste et à des opérations à des centaines et des milliers de kilomètres. Tout cela pourquoi ? Pour défendre la place de l’impérialisme français dans le monde et donc les intérêts de la bourgeoisie française. 

Ces dernières décennies, l’armée française a participé à une multitude d’opérations militaires et de guerres, en Afrique notamment. Elle n’y a pas défendu la France d’un envahisseur ni protégé la veuve et l’orphelin au Mali ou au Tchad. Elle s’est battue pour le droit au pillage et l’exploitation des Total, Bolloré, Saint Gobain et pour les débouchés de Vinci, Orange, Schneider Electric et Alstom... 

Aujourd'hui, la préoccupation du gouvernement est la même. S’il s’intéresse autant à la guerre en Ukraine, c’est dans le même esprit que les États-Unis : pour que la bourgeoisie française accède à sa part de gâteau. 

Qu’est-ce que cela nous apporte, à nous travailleurs, que SFR remporte le marché de la téléphonie en Ukraine, ou qu’un consortium français décroche des contrats pour la reconstruction ? Peut-on en espérer plus d’emplois et de meilleurs salaires ? Bien sûr que non !

Les guerres décidées par nos dirigeants sont dans la continuité de la politique qu’ils mènent au quotidien : elles servent les intérêts des capitalistes. 

Les porte-parole patronaux se frottent les mains et n’ont plus que « l’effort de guerre » à la bouche. Tous y voient le moyen de nous forcer à travailler plus et d’en finir avec ce qu’ils appellent le modèle social français. Au nom de l’effort de guerre, certains disent vouloir « remettre la France au travail », comme si les travailleurs ne laissaient pas déjà leur peau au boulot ! 

Alors, en plus de défendre nos salaires, nos retraites et nos conditions de travail, il faut nous opposer au conditionnement guerrier. Nous opposer au gâchis et à la folie que signifient l’augmentation du budget militaire et la marche à la guerre. 

Leurs guerres ne sont pas les nôtres ! Nous n’avons pas besoin de Rafale ni de chars, mais de logements et de médecins ! Ne marchons pas derrière les Macron, Bolloré, Arnault ou Michelin qui passent leur temps à attaquer nos conditions d’existence !

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