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France : les « rénovateurs » du PCF
Depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale jusqu'en 1981, le PCF disposait d'une audience électorale importante. A une exception près, en 1958 où il obtenait 19 % des voix, il avait toujours recueilli plus de 20 % des suffrages.
Jusqu'en 1978, il dépassait le Parti Socialiste. Mais à la différence du Parti Socialiste, son poids ne tenait pas seulement à son influence électorale. Ce poids, il le tenait - et il le tient toujours - avant tout de sa base militante et plus particulièrement de celle qui est implantée dans les entreprises, même si c'est au travers de la centrale syndicale qu'il contrôle, la CGT. C'est grâce à cela, grâce à l'existence de dizaines de milliers de militants ouvriers qui lui restent attachés en dépit de ses retournements et de ses revers politiques qu'il doit d'occuper une position particulière dans la vie politique et sociale en France.
Pendant les longues années de pouvoir de la droite qui ont suivi l'arrivée de De Gaulle au pouvoir en 1958, la perspective politique que le PCF défendait contre vents et marées, était celle de l'Union de la gauche.
Cette Union de la gauche se réalisa enfin en 1972, lorsque Mitterrand qui venait de mettre la main sur un Parti Socialiste squelettique, accepta au nom de son parti, de signer un « Programme commun de gouvernement » avec le PC, pour le cas où la gauche viendrait au pouvoir.
Lors des élections présidentielles de 1974, le PC, dans l'euphorie de l'unité réalisée, s'est effacé en soutenant, dès le premier tour, la candidature de Mitterrand, candidat unique de la gauche, qui fut alors battu, mais de justesse.
Puis, voilà que, dans les diverses élections qui suivirent, alors que le PS entamait l'irrésistible ascension de ses scores électoraux, le PC stagnait, puis commençait à décliner électoralement. Le PS ne se contentait pas d'accroître son audience électorale, il le faisait au détriment du PC. Assez pour inquiéter le PC qui s'est mis à mener ; à l'égard de son partenaire de l'Union de la gauche une politique en zig-zag, tantôt en affichant son identité propre et critiquant violemment le PS, tantôt en se réconciliant spectaculairement avec lui.
Mais ni les phases de rupture, ni les phases de réconciliation n'ont arrêté le recul du PC et sûrement pas les passages de l'une à l'autre. Lors des législatives de 1978 déjà, le PS dépassait le PC.
Puis, vinrent ces élections de 1981 qui ont permis d'abord à Mitterrand d'accéder à la présidence de la République et, dans la foulée, au Parti Socialiste de conquérir la majorité absolue des sièges de députés à l'Assemblée nationale. Mais dans les mêmes élections législatives de victoire de l'Union de la gauche, le PCF est passé de 20,5 % des voix à 16 %, alors que le PS faisait plus du double.
Mais, paradoxalement, cet affaiblissement électoral va ouvrir au PCF la possibilité d'accéder au gouvernement. Le paradoxe n'est qu'apparent. C'est en effet parce qu'il est sorti amoindri de ces élections que Mitterrand a pu se permettre d'associer le PCF à sa politique, non pas comme un partenaire à part entière, mais comme un otage, en lui octroyant quatre postes de ministres dans des ministères de second plan.
Le calcul de Mitterrand était double. Il voulait ainsi neutraliser le PCF et, à travers lui, la classe ouvrière, en lui faisant cautionner une politique de gestion loyale et zélée de la crise dans l'intérêt des capitalistes et si cela avait en même temps pour conséquence l'affaiblissement de l'influence du PCF dans la classe ouvrière et dans les couches populaires, cela ne gênerait pas Mitterrand. D'ailleurs, il avait déclaré bien avant son élection à plusieurs reprises et, en particulier, devant un congrès du Parti Socialiste que son ambition était de ramener de cinq millions à trois millions l'audience électorale du PCF.
Durant trois années, jusqu'en juillet 1981 la direction du PCF va jouer le jeu sans faillir et respecter la solidarité gouvernementale, approuvant et justifiant toutes les mesures d'austérité décidées par le gouvernement de gauche.
Car pendant toute cette période, la direction du PCF est restée unanime. Il n'est apparu aucune divergence en son sein, même si dans le même temps, à sa base et dans son électorat, le trouble allait grandissant au fil des mois.
Ainsi, par exemple, en septembre 1983, Pierre Juquin qui était alors membre du Bureau Politique du Parti et son porte-parole officiel, avait été choisi pour prononcer le discours à la fête de l'Humanité. Il déclarait à cette occasion : « Si certains d'entre vous redoutent que nous envisagions de négocier le virage de sortie (du gouvernement), qu'ils se rassurent ! Nous faisons et nous ferons tout notre possible pour que la gauche réussisse malgré les obstacles », ajoutant : « Pour ce qui dépend de nous, les communistes au gouvernement, c'est pour longtemps ».
Lors de cette même fête, le secrétaire général du PCF Georges Marchais déclarait de son côté que pour lui le bilan du gouvernement de gauche avec la participation communiste était positif, expliquant que le chômage avait été maîtrisé et l'inflation réduite. Quelques mois plus tard, en janvier 1984, le même Georges Marchais surenchérissait devant le Comité Central de son parti, n'hésitant pas à affirmer que le bilan du gouvernement de gauche était déjà « supérieur aux grandes conquêtes du Front Populaire et de la Libération ».
Il a fallu attendre l'été 84 pour que la direction du PCF choisisse de quitter le gouvernement.
Que s'était-il donc passé ? Rien dans la politique de ce gouvernement qui traduise un changement notable d'orientation. La mise en place de la politique d'austérité datait de deux ans. Et depuis 1982, les mesures qui visaient à remettre en cause les garanties sociales et qui s'attaquaient ouvertement au niveau de vie de la population laborieuse s'étaient succédé sans que le PCF n'y trouve motifs à rupture.
Ce n'était donc pas de ce côté-là qu'il fallait chercher les raisons de son soudain revirement.
Le virage de sortie s'était fait brusquement, d'autant plus brusquement qu'il n'avait pas été négocié à l'avance. Il avait été provoqué par un nouveau recul électoral du PCF qui, en juin 84, perdait encore 5 % de ses voix passant de 16 % à 11 %.
Dès le lendemain de ce scrutin, des divergences commencèrent à se faire entendre au sein de sa direction. Pour expliquer ce nouvel échec, Pierre Juquin critiquait non pas l'orientation suivie jusqu'alors par le parti, mais ses méthodes d'organisation qui étaient selon lui mal adaptées à l'évolution de la société. Il remettait en cause publiquement le centralisme démocratique qui, disait-il, « avait été élaboré voici soixante-dix ans, dans une autre société et dans d'autres circonstances. » Marcel Rigout, l'un des quatre ministres communistes, laissait entendre que Georges Marchais, le secrétaire général du Parti, ne donnait pas la meilleure image qui soit de ce dernier.
La décision de quitter le gouvernement, prise un mois plus tard, fin juillet, n'allait pas mettre fin à ces divergences mais, au contraire, provoquer une crise qui toucha et touche encore une partie de l'appareil du PCF, à tous les niveaux, de sa direction aux échelons les plus bas.
En opposition à la direction du Parti autour de laquelle se retrouvait la majorité de l'appareil, se développa un courant dit « rénovateur » autour de Pierre Juquin, son principal porte-parole.
Ainsi donc, le PCF avait été bien mal payé de sa participation gouvernementale. Celle-ci se traduisait non seulement par la perte de la moitié de son électorat, mais par l'apparition d'une large contestation en son sein. Les deux choses découlant d'ailleurs l'une de l'autre.
La question qui faisait litige n'était pas : comment renouer avec les traditions de la lutte de classes, encore moins avec les traditions révolutionnaires, mais plutôt quelle est la meilleure façon de donner ou de redonner au PCF un poids suffisant dans l'Union de la gauche pour ne pas être considéré comme la cinquième roue du carrosse.
A cette question, les deux courants qui s'opposent au sein du PCF proposent des réponses différentes, mais pour un même objectif.
La direction, autour de Georges Marchais et de la majorité de l'appareil, a choisi le raidissement et la rupture, en optant pour une cure d'opposition qui devrait agir comme un bain de jouvence. Une manière pour elle de reprendre en main l'organisation désorientée par une politique dont les résultats avaient été sur tous les plans décevants. Car la participation du PCF au gouvernement non seulement ne lui avait pas permis de jouer dans la vie politique un autre rôle que celui d'une force d'appoint, non seulement elle s'était révélée désastreuse sur le plan électoral, mais en outre, elle se traduisait par une baisse du recrutement, par une érosion de ses effectifs et de sa capacité militante. Et ceux qui, contre vents et marées, continuaient malgré tout à militer, se voyaient moins nombreux, plus isolés au sein de la classe ouvrière.
Il fallait remettre en marche la machine pour permettre au PCF de retrouver du crédit électoral et en particulier un crédit que sa direction pourrait de nouveau monnayer contre un accord avec le PS. Les « rénovateurs », eux contestaient ce choix. Expliquant qu'il ne fallait pas chercher les raisons du déclin du PCF dans sa politique de collaboration avec le Parti Socialiste, mais au contraire dans une attitude qu'ils considéraient comme trop sectaire, comme mal adaptée à l'évolution des mentalités et aux transformations sociologiques de la société française, et en particulier à celles qui touchent la classe ouvrière, ils préconisent l'abandon d'un certain type de langage, qualifié par eux d'archaïque, et ce qui va de pair, ils contestèrent les formes d'organisation du PCF, plus particulièrement le « centralisme démocratique ».
C'est d'ailleurs sur le thème de la démocratie qu'ils vont essentiellement mener bataille. Ils vont réclamer l'ouverture d'un large débat pour tirer le bilan de la période qui vient de s'écouler, et la convocation d'un congrès exceptionnel. Sur cette base, ils vont recueillir un écho non négligeable puisqu'une pétition réclamant la convocation de ce congrès exceptionnel, rendue publique en mars 1986, va recueillir trois mille signatures. Mais c'est peu au regard du nombre d'adhérents du PCF qui prétend en avoir 600 000 (en fait ce chiffre est largement exagéré. Bien qu'il soit bien difficile de connaître le nombre réel de militants du PCF, on peut estimer ce nombre à 100 000 au grand maximum).
Ces « Rénovateurs », qui sont-ils ? Bien difficile de le dire, car tous ceux qui élèvent des critiques contre la direction du Parti ne revendiquent pas cette étiquette. Mais il y a, à coup sûr, Pierre Juquin dont nous avons déjà parlé. Il n'est plus membre du bureau politique, ni bien entendu le porte-parole officiel de son parti, mais il est toujours membre du Comité Central. Professeur, il a été pendant longtemps l'un des responsables du travail du Parti dans les milieux intellectuels.
Il y a aussi Marcel Rigout, l'un des quatre ex-ministres du PCF, qui a démissionné en janvier 1987 du Comité Central, et Claude Poperen, ex-membre du Bureau politique, dont il vient de démissionner. Il y a parmi ceux qui ont affiché publiquement leur opposition deux ou trois autres membres du Comité Central qui, à différentes occasions, se sont abstenus ou ont voté contre différents textes proposés par la direction, tel par exemple Félix Damette, professeur d'université. Il y a, à un niveau inférieur de l'appareil, quelques anciens cadres fédéraux, tel Alain Amicabile, ex-secrétaire de la fédération de Meurthe-et-Moselle, un département de l'Est de la France, un certain nombre d'élus municipaux dont le maire de Saint-Denis, municipalité ouvrière de la banlieue parisienne. On y trouve aussi quelques dirigeants ou membres de sections d'entreprise du PCF, tels ceux de la section de l'usine Michelin à Clermont-Ferrand, ceux de l'usine Peugeot à Sochaux, ou ceux de l'usine Renault à Douai. On sait par ailleurs que l'opposition ne se limite pas aux seuls « Rénovateurs », car on connaît ici ou là des îlots de contestation qui reflètent des divergences portant non pas tant sur des différends politiques, que sur des questions de personnes. C'est le cas par exemple en Bretagne, à Brest.
Cette image de la contestation ne doit pas, cependant faire illusion. Elle montre qu'elle a atteint une certaine ampleur. Cependant elle reste limitée. Limitée en nombre. Limitée par les secteurs qu'elle touche.
Car l'immense majorité de l'appareil, l'immense majorité des militants d'entreprise du PCF se sont rangés derrière la direction.
Donc, la crise que connaît le PCF est diffuse, mal délimitée politiquement et organisationnellement.
Et les « Rénovateurs » se sont bien gardés d'en définir les contours politiques, se contentant de généralités ou de critiques de la politique ou du fonctionnement du PCF, ils ont pris grand soin de ne pas se définir positivement. Ils se sont donnés l'image de gens qui semblaient tâtonner à la recherche de nouvelles voies... sans jamais vraiment dire où ils voulaient réellement aller.
Mais ce n'est là qu'une apparence, car en réalité, cette attitude relève non pas de l'indécision, mais d'un calcul.
En effet, en refusant de se définir de manière trop précise, les « Rénovateurs » se laissaient la possibilité de prétendre qu'ils représentaient un courant large dans le Parti, bien plus large que ce qu'ils représentent réellement.
Ils avaient tout intérêt à laisser croire qu'ils étaient les porte-parole de tous ceux qui s'interrogeaient légitimement sur le bilan de la période de collaboration avec le Parti Socialiste et qui, tout aussi légitimement auraient souhaité qu'une discussion s'ouvre sur cette question dans le Parti, mais qui n'épousaient pas tous, loin s'en faut, les idées et les projets des « Rénovateurs ».
Mais ils n'avaient pas intérêt à dévoiler trop nettement et trop rapidement des projets qui auraient risqué de les faire rejeter du milieu représenté par les militants et les sympathisants du PCF, c'est-à-dire de s'isoler et de perdre une audience qui pourrait leur servir comme monnaie d'échange pour trouver un point de chute du côté du Parti Socialiste.
De ce calcul découle une attitude faite d'ambiguïté, fondée sur le double langage.
Récemment, en février 1987, les « Rénovateurs » ont rendu public un manifeste intitulé La Révolution, Camarades ! qui a été salué dans tous les milieux de gauche comme le premier pas des « Rénovateurs » vers l'élaboration d'un projet non plus en négatif, mais cette fois en positif.
En fait ce manifeste ne rompt pas véritablement avec les ambiguïtés cultivées jusqu'alors par les « Rénovateurs » qui avertissent le lecteur, dès le préambule, que « ce texte volontairement incomplet et problématique, est le fruit d'une démarche centralisée et collective ; son caractèrebi Ouvert b0i et i Interrogatifb0i (c'est nous qui soulignons) le garantit contre toute utilisation par un groupe clos et stérile ».
Mais par delà ces ambiguïtés, ces interrogations, ces formules vagues et ampoulées, ou plutôt au travers de ces ambiguïtés, car celles-ci sont en fin de compte extrêmement significatives, ce manifeste renseigne sur la démarche des « Rénovateurs ».
Par exemple, on y parle de la lutte des classes « qui ne serait plus ce qu'elle était », sans nous dire toutefois ce qu'elle est aujourd'hui dans l'esprit des rédacteurs du manifeste. Sauf de manière allusive, en posant cette question : « La crise du capitalisme et les mutations scientifiques tendent-elles à modifier l'ancienne classe ouvrière, et comment ? »
On y parle aussi de révolution. Le terme figure d'ailleurs dans le titre du manifeste, qui se conclut ainsi : « Puissent les communistes participer aux grandes mutations qui se préparent, à la révolution démocratique et pacifique dont la France et l'Europe ont besoin ! » Révolution pacifique et mutation, tout le monde peut y trouver son compte, sauf ceux des travailleurs qui espèrent un véritable changement de société.
Et lorsque ce texte critique la gestion des gouvernements socialistes, en expliquant que les dirigeants du PS avaient fait le mauvais choix, c'est pour ajouter que l'évolution du Parti Socialiste en parti gestionnaire des affaires de la bourgeoisie, n'est pas définitivement acquise car, peut-on lire, « le courant réformiste - et le PS en écho - reste disponible à la fois comme force de transformation et comme force d'adaptation à la crise. C'est le mouvement populaire qui décidera... de cet affrontement entre le système capitaliste et les forces du changement radical ». Donc, pour les « Rénovateurs », le Parti Socialiste peut être encore un outil de transformation sociale, si on fait pression sur lui. Comment ? En agissant avec le mouvement populaire, mais surtout, et c'est là que se révèle le fond de leur projet, en agissant pour que le PCF affirme « en permanence sa vocation à gouverner avec des alliés, sur des bases transformatrices ».
Dans cette perspective, ils préconisent une ligne unitaire pour « imposer un processus de recomposition de la gauche qui associerait toutes les expressions du courant réformiste, révolutionnaire, alternatif : les communistes, les socialistes, tous les radicaux modernes, les écologistes, l'extrême-gauche ». Et tout cela pour arriver où ? Pour que ce processus de recomposition et de rassemblement débouche « sur l'engagement de gouverner ensemble, à tous les niveaux des institutions politiques, et dans la société. La forme de cet engagement ne se décrète pas ; le contenu importe d'abord. Mais l'engagement est nécessaire ». Les « Rénovateurs » se gardent bien de définir en termes concrets ce qu'ils verraient comme contenu de ce rassemblement, car en fait, ce qui compte pour eux, ce n'est pas tant ce contenu que le rassemblement lui-même.
Les choses sont cette fois bien claires, et elles réduisent à néant tout le verbiage sur la révolution qui meuble ce manifeste, et qui n'est là que pour la galerie. La perspective des rénovateurs est de reconstruire l'Union de la gauche.
Leur ambition va, il est vrai, au-delà : ils préconisent un vaste regroupement, une recomposition de la gauche dans une vaste mouvance qui, à l'exemple du Parti Travailliste anglais ou du Parti Social-démocrate allemand, ferait pendant aux partis de droite.
Un tel projet pourrait, en plus, plaire au Parti Socialiste. Mais reste à savoir s'il a des chances de se réaliser aujourd'hui en France.
Pour cela il faudrait que le Parti Communiste accepte de s'y fondre, c'est-à-dire de disparaître de la scène politique et sociale, en abandonnant sa base militante dans les entreprises et dans les quartiers populaires qui lui a permis jusqu'ici d'exister.
Qu'il puisse perdre encore des électeurs ? On ne peut l'exclure. Encore qu'il peut tout aussi bien en regagner dans la situation actuelle.
De fait, le PCF ne s'est pas laissé convaincre. Tout indique au contraire que les « Rénovateurs » sont une faible minorité, qui peut peut-être compter un peu sur le plan électoral, mai qui ne représente qu'une faible partie des forces militantes du PCF, et en particulier dans les entreprises.
Apparemment, les « Rénovateurs » n'ont pas les moyens de faire pièce au PCF sur le plan militant, en particulier là où il tient sa force, dans les entreprises. Ils ne sont pas en situation de le concurrencer sur ce terrain. Mais le seraient-ils que les dirigeants de ce courant n'en ont pas la volonté politique. Tous leurs discours sur les transformations de la classe ouvrière, sur les « nouvelles façons de faire de la politique », sur la nécessité de remettre en question les formes d'organisation héritées du passé révolutionnaire expriment cette absence de volonté.
Ils ne peuvent pas dans la situation actuelle reconstruire ou rénover le Parti Communiste, ils ne peuvent que se faire l'expression, sur le plan électoral uniquement, d'une mouvance réformiste, et devenir une sorte de pont entre l'électorat communiste et le Parti Socialiste.
En fait, tout ce que peuvent faire aujourd'hui les « Rénovateurs », c'est de mettre l'audience électorale que certains d'entre eux ont à la disposition du Parti Socialiste, en espérant que si l'opération réussit, les dirigeants du Parti Socialiste sachent se montrer reconnaissants et leur laissent une petite, toute petite place dans leur suite.