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- Lutte ouvrière n°1626
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Dans le monde
Espagne : Séville, " capitale européenne du chômage "
La veille de l'inauguration des championnats du monde d'athlétisme, le quotidien El Pais annonçait : " Séville est tout sourire, grâce au stade terminé à temps, à la joie des stars de l'athlétisme mondial et à l'audience record : 3 500 millions de téléspectateurs ".
Mais derrière ce spectacle télévisuel et commercial se cache une réalité moins reluisante. Et tout d'abord le dépassement du coût des travaux pour le stade : le budget prévisionnel était de 13 541 millions de pesetas (540 millions de francs) mais selon des sources officielles, il a atteint 14 576 millions de pesetas (580 millions de francs), pendant que d'anciens conseillers de la société du Stade Olympique parlent de 20 000 millions de pesetas (800 millions de francs). De toute façon, le quotidien El Pais reconnaît lui-même qu'il aurait suffi de moins de 10 000 millions de pesetas (400 millions de francs) pour réaliser un ouvrage correspondant aux nécessités de l'heure. L'ombre de la spéculation et des intérêts immobiliers plane sur le stade des " sourires ".
De plus, cet ouvrage gigantesque ne sera apparemment pas utilisé au-delà des championnats du monde, comme cela avait déjà été le cas pour une partie des installations de l'exposition universelle de 1992, si ce n'est dans le cadre de l'éventuelle candidature pour les jeux Olympiques de 2004, au résultat hypothétique, qui a servi jusqu'à présent la spéculation, au profit des banques, sur les terrains qui serviraient à construire la future " cité olympique ".
Dans une ville comme Séville, dans laquelle 40 % de la population active se retrouvent au chômage ou en contrat précaire, les dirigeants locaux, comme nationaux, ont toujours décidé de dépenser des sommes colossales, au nom du développement de la ville, pour des grands travaux comme l'exposition de 1992, des rencontres sportives internationales, ou la candidature olympique, pour le plus grand profit d'une minorité de spéculateurs, sans se soucier de la vie quotidienne de la population, de la détérioration des quartiers populaires, et sans que le chômage baisse d'un iota.
Cette politique a favorisé la spéculation immobilière sauvage, avec le soutien de la municipalité, qui a attribué des terrains bien placés à des banques ou à des industriels, expulsé les populations pauvres des quartiers populaires pour y construire des magasins de luxe. Résultat, six personnes sont mortes dans l'effondrement de bâtiments que leur propriétaire laissait à l'abandon en attendant que les cours montent. Le manque de magasins accessibles aux ouvriers et spécialement aux jeunes est pourtant un grand problème, les prix ayant augmenté cette année de 20 %.
L'emploi dans les services publics est en diminution, et la municipalité privatise la gestion des services publics, qui du coup se dégradent progressivement.
Pendant que les riches font de bonnes affaires, dans cette ville qu'on a appelé " la capitale européenne du chômage ", les fermetures d'usines et d'entreprises sont à l'ordre du jour. La précarité du travail, les cadences infernales, les dépassements d'horaires et le manque de sécurité ont provoqué dans la province de Séville, rien que depuis le début de l'année, deux fois plus d'accidents de travail dans le bâtiment que durant toute l'année passée, dont un dans le stade olympique flambant neuf, gros utilisateur de travail précaire et de journées de travail démesurées.
La grande fête du sport ne peut faire oublier la dureté de l'exploitation subie par les travailleurs ni l'enrichissement sur leur dos d'une poignée de capitalistes.